- Face à une spirale de violences qui gangrène Nîmes depuis plusieurs semaines, le maire a décidé d’instaurer un couvre-feu pour les mineurs.
- Une guerre de territoire entre plusieurs quartiers rivaux secoue la cité gardoise, menant à des fusillades au cœur des cités, qui font régner un climat de terreur.
- Ces derniers jours, le corps calciné d’un jeune homme a été retrouvé non loin de la ville, et une vidéo montrant sa mise à mort a même été diffusée sur les réseaux sociaux.
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LE WE 13H
Deux hommes cagoulés, lourdement armés, tirent en pleine journée dans cette cité sensible de Nîmes, dans le Gard. Depuis plusieurs jours, un climat de terreur règne dans le quartier Pissevin (nouvelle fenêtre). Seule une habitante a accepté de répondre à l’équipe du 13H de TF1 sur place, et uniquement par message. « C’est devenu Chicago. On a peur de sortir. Il y a des habitants qui cherchent à partir »
, confie-t-elle, des propos à retrouver dans le reportage de TF1 en tête d’article.
Après une nouvelle fusillade jeudi soir, deux hommes armés de Kalachnikov ont menacé des agents municipaux venus récupérer des ordures. Aucun blessé n’est à déplorer, mais selon le parquet, « des impacts de balles sur un mur d’immeuble voisin et une porte d’ascenseur »
ont été retrouvés. Les services de la ville et les pompiers demandent désormais une escorte policière et ont exercé leur droit de retrait. Tout comme les agents du bureau de poste filmé dans le reportage, fermé jusqu’à nouvel ordre.
Une série de fusillades et une mise à mort glaçante d’un jeune homme
Face à l’urgence de la situation et pour la première fois, le maire a décrété un couvre-feu de 21 heures à 6 heures du matin (nouvelle fenêtre) pour les moins de 16 ans dès lundi, dans les secteurs les plus sensibles de la ville et pour une durée de 15 jours « renouvelable si nécessaire »
. « Une mesure préventive destinée à protéger les mineurs [non accompagnés, ndlr], éviter qu’ils soient exposés aux violences en cours et contenir les tensions »
, écrit la mairie dans un communiqué, décrivant une succession de « fusillades, règlements de comptes, tensions entre bandes »
.
« C’est pour sauver la vie aux gamins. Que ce soit les gamins qui n’ont rien à voir avec les problèmes de trafic de stupéfiants. Mais aussi les gamins qui sont dans ces problèmes de deals »
, insiste dans le JT Richard Schieven, adjoint à l’édile (LR) et délégué à la sécurité publique. « Depuis quelques jours la situation est devenue intenable à cause de l’action armée des narco-terroristes, créant ainsi un climat de peur et de terreur »
, s’était ému le maire Jean-Paul Fournier.
Le quartier Pissevin se retrouve prisonnier des violences liées au trafic de drogue depuis plusieurs années déjà : en août 2023, la mort d’un jeune garçon de 10 ans, Fayed (nouvelle fenêtre), atteint d’une balle perdue, avait traumatisé les habitants. Mais depuis plusieurs mois, les tensions sont encore montées d’un cran : une guerre de territoire oppose les narcotrafiquants de ce quartier à ceux de Mas-de-Mingue et Valdegour, alliés à la DZ Mafia, un groupe criminel implanté à Marseille (nouvelle fenêtre).
Et les méthodes utilisées sont extrêmement violentes. Comble de l’horreur, la mort d’un jeune homme de 19 ans, impliqué dans des affaires de stupéfiants et exécuté par balles dans la garrigue (nouvelle fenêtre), a été filmée en vidéo. Son corps, partiellement calciné, a été retrouvé mardi dans un village proche de Nîmes. Une enquête a été ouverte.
Ce meurtre pourrait lui aussi « être en lien avec une succession de faits de nature criminelle survenus ces dernières semaines dans les quartiers nîmois »
rivaux, selon la procureure de Nîmes, Cécile Gensac. Le 10 juillet, dans le quartier du Mas-de-Mingue, un homme a été tué par balles (nouvelle fenêtre) et un autre blessé par des assaillants en voiture qui ont pris la fuite. Le 27 juin, une fusillade qui a éclaté en pleine journée avait fait six blessés (nouvelle fenêtre), dont quatre mineurs, au pied des immeubles de Valdegour.
Des renforts de CRS mobilisés en urgence
La vidéo glaçante de l’exécution du jeune homme a été diffusée en ligne, sur les réseaux sociaux. Des publications destinées à intimider les bandes rivales, mais certains vont même jusqu’à menacer directement les habitants du quartier Pissevin (nouvelle fenêtre). Un message anonyme a ainsi circulé sur les réseaux sociaux : « Vous êtes tous prévenus, il n’y a plus d’innocents. On va mélanger tout le monde (…). On va tuer même les petits de cinq ans »
.
Dans ce contexte, le préfet du Gard Jérôme Bonet a annoncé l’arrivée d’une seconde compagnie républicaine de sécurité (CRS). Des renforts sont ainsi attendus dans les prochaines heures au sein du quartier Pissevin. Les autorités ont aussi annoncé la mise à disposition de services spécialisés nationaux « afin de renforcer les enquêteurs nîmois »
.
Mais pour les syndicats de police, il faut mobiliser davantage de moyens sur le long terme (nouvelle fenêtre), au-delà des opérations souvent organisées sur les points de deal. « À chaque fois qu’on a eu des séries comme ça d’homicides, on a placé des CRS pendant quelques semaines dans la ville de Nîmes. C’est très bien, ponctuellement, mais c’est largement insuffisant,
déplore Bruno Bartoccetti, secrétaire national de Un1té, pour la zone Sud, dans le reportage du 13H. Il faudrait une cinquantaine de policiers supplémentaires rien qu’à Nîmes. »
Par ailleurs, des représentants de la ville, de l’agglomération, des sapeurs-pompiers, de la Poste, ont été réunis vendredi par le préfet « afin de convenir des modalités de sécurisation des différents agents et services publics de ces quartiers »
. D’autres réunions suivront avec les bailleurs et le tissu associatif de ces trois secteurs de la ville les plus sensibles.