Or, pierres précieuses, vêtements et accessoires de luxe, des voitures et même des poids lourds.
Les saisies des douanes font l’objet de ventes aux enchères uniques en leur genre.
Une équipe de « Sept à Huit » en dévoile les coulisses.
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Sept à huit
Il y a la drogue, les armes ou les cigarettes de contrebande, saisies habituelles des douanes, qui finiront détruites. Mais il y a aussi les camions qui les transportent illégalement et se retrouvent immobilisés. « Dans les organisations criminelles, les amendes, de manière générale, sont difficiles à recouvrer puisqu’elles sont importantes et les entreprises visées, souvent installées à l’étranger. Donc il est difficile pour l’Etat français de recouvrer le produit de ces amendes, d’où la vente des camions », explique à TF1, dans le reportage de « Sept à Huit » visible en tête de cet article, le chef de brigade Jean-Marc Vauchez. Ces poids lourds seront, comme les autres saisies pouvant être revendues, mis aux enchères à Bercy par le ministère de l’Économie.
« Un camion comme ça, ça vaut entre 150.000 et 200.000 euros neuf. En fonction de son état et du kilométrage, après une remise aux normes, on le revendra entre 10.000 et 50.000 euros », précise le douanier. Des prix suffisamment attractifs pour intéresser de nombreux professionnels. Les particuliers, eux, opteront plutôt pour de moins gros lots, pas forcément moins onéreux : bijoux, vêtements et autres accessoires de luxe, authentifiés par des experts (les contrefaçons sont détruites), eux aussi revendus à prix cassés pour renflouer les caisses de l’État. En 2023, 102 millions d’euros ont ainsi été récoltés.
Ces ventes aux enchères drainent de plus en plus d’adeptes. « Je m’y suis mise il y a une semaine et c’est déjà le deuxième article de luxe que je m’achète », témoigne Clara, 24 ans, « très contente » d’enfiler la veste Prada en cachemire qu’elle vient de s’offrir pour 580 euros. Cinq fois moins cher qu’en magasin. Assis non loin d’elle, Michael et Philippe, deux frères résidant en région parisienne, sont là, eux, pour faire du business, plus lucratif que ce qu’ils revendent sur Vinted ou Le Bon Coin après un déstockage : « Aux douanes, tu ne trouves que du haut de gamme, Dior, Céline, Chanel, Ferragamo, Gucci, et tu vas beaucoup plus marger sur un produit haut de gamme que sur du prêt-à-porter. Ces enchères, c’est un vrai investissement. »
Dans la salle de Bercy, où finissent les précieuses marchandises après avoir été transportées sous escorte armée dans des véhicules blindés, les fonctionnaires mettent en place des stands thématisés, comparables à ceux que l’on trouve dans les foires ou les salons. « Là on voulait faire un îlot un peu vacances, on mettra des petites claquettes et le sombrero, et là-bas, on mettra tout le carton de baskets. On le fait pour attirer l’œil, mettre en valeur et donc vendre mieux. Le but premier, c’est faire monter les enchères », insiste Amal El Manouzi, 39 ans, commissaire priseur en charge de ce petit manège. Qui, ce seul jour, rapportera 500.000 euros à la puissance publique. La plus belle vente : une montre suisse en or, acquise pour 26.000 euros. Le camion poids lourd, lui, faute de suffisamment de preneurs, est parti à 3.800 euros, très en-dessous de sa mise à prix.