Malgré l’interdiction, certains détenus utilisent des téléphones portables depuis leur cellule.
Les barons de la drogue s’en équipent pour pouvoir continuer à agir derrière les barreaux.
En 2023, 53.000 smartphones et accessoires téléphoniques ont été saisis.
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Attaque sanglante d’un fourgon pénitentiaire : la traque de Mohamed Amra
Ils sont formellement interdits, et pourtant, les téléphones portables sont omniprésents dans les prisons françaises. Avant son évasion spectaculaire et sanglante le 14 mai dernier dans l’Eure, au cours de laquelle deux agents pénitentiaires avaient été tués, Mohamed Amra, devenu le fugitif le plus recherché de France, téléphonait lui-même beaucoup sous les verrous .
Le multirécidiviste, impliqué dans des trafics de stupéfiants, passait parfois plusieurs heures au téléphone par jour, en toute illégalité. Pour la seule année 2023, les surveillants ont ainsi retrouvé neuf téléphones portables cachés dans sa cellule.
Des chiffres impressionnants
Pour Joaquim Pueyo, maire (DVG) d’Alençon qui a dirigé quelques-unes des plus grandes maisons d’arrêt françaises, éradiquer ce phénomène est une priorité. « C’est un mal endémique dans les prisons et ça met en péril la sécurité. Ça ne donne pas un grand sens à la peine, on ne peut pas l’accepter », estime-t-il.
Et les chiffres sont impressionnants. L’an dernier, l’administration pénitentiaire a mis la main sur 53.000 smartphones et accessoires téléphoniques. La France compte, en ce moment, près de 79.000 détenus .
Les trafiquants de drogue ciblés
L’État veut notamment s’attaquer aux barons de la drogue. Pourtant placés à l’isolement, beaucoup continuent de gérer leurs points de deal et commanditent même des assassinats . C’est par exemple depuis la prison de la Santé, à Paris, où il était incarcéré, que Mohamed Amra a, selon la police judiciaire, commandité le meurtre d’un trafiquant de drogue, tué en 2022 à Marseille .
La justice pourrait donc équiper les cellules des trafiquants de valises bloqueuses d’ondes. « Ce sont des valises, une centaine visiblement, qu’on installerait dans les quartiers d’isolement, où on va placer ces détenus sensibles, ayant des moyens pour pouvoir s’évader ou continuer à trafiquer à l’extérieur », explique Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat Force ouvrière Justice.
Toutefois, fermer les yeux sur les téléphones permet à certains surveillants de s’acheter une paix sociale dans les prisons surpeuplées. Les portables sont aussi du pain béni pour les policiers, qui les placent régulièrement sur écoute.
Bientôt de nouveaux portiques de sécurité ?
Beaucoup de ces appareils sont introduits par les familles lors des parloirs, car les fouilles intégrales et systématiques des détenus n’existent plus. Pour repérer d’éventuelles tentatives d’intrusion de téléphone, « il faut remplacer les fouilles intégrales par des portiques nouvelle génération millimétriques qui coûtent très cher, mais qui permettent de contrôler ce que possède un détenu à l’issue du parloir », juge Joaquim Pueyo.
Depuis le mois de janvier, l’État a dépensé près de 30 millions d’euros en moyens techniques pour lutter contre les portables en prison.