Tanguy Le Turquais se rapproche de la ligne d’arrivée du Vendée Globe.
Au cours de sa onzième semaine de navigation, le skipper de Lazare a connu bien des galères.
Il nous raconte son épopée et ses misères dans son 12ᵉ journal de bord.
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Le Journal de bord de Tanguy Le Turquais
En entamant sa onzième semaine de navigation dans le Vendée Globe, à l’approche de l’équateur, Tanguy Le Turquais affichait un bon classement à la 18e place, toujours proche de son ami et principal concurrent, Benjamin Ferré. Mais les conditions vont se compliquer. « Une fois qu’on sera sortis du pot-au-noir, on a quand même 5-6 jours dans du vent assez fort. L’alizé est très soutenu », commente le skipper de Lazare, qui garde bien en tête que son « bateau a vieilli, il commence à être fatigué. Il faut qu’il tienne bon jusqu’à la fin ».
Le déluge dans le pot-au-noir
J.72 Deux mois après l’avoir franchi dans l’autre sens, Tanguy Le Turquais repasse la ligne de l’équateur, ce qui le met en joie, à un détail près : « Ça, c’est le problème du solitaire, on ne peut checker personne ». À défaut, le navigateur checke avec son IMOCA, le félicitant d’un « bravo mon gars ! ». « Il reste deux semaines de course, je vais attaquer le pot-au-noir maintenant ».
J.73 Dès le lendemain, Tanguy Le Turquais se retrouve en plein dans cette zone de convergence intertropicale, point de rencontre entre les alizés de l’hémisphère nord et ceux de l’hémisphère sud. « C’est ce qui s’appelle être entouré de nuages. Il y en a partout là », décrit Tanguy Le Turquais avant d’affronter les éléments. Et plus tard dans la journée, ce qui était redouté devient réalité : « Regardez-moi ce déluge ! C’est noir, ça ressemble à un pot, ça a l’air d’être le pot-au-noir ». Cette pluie qui tombe en abondance permet à notre skipper de faire un brin de toilette : « J’en ai profité pour prendre une petite douche. Ça fait du bien ! »
Le bord le plus désagréable de tout le Vendée Globe
J.74 Cette journée ne s’annonce pas de tout repos pour Tanguy Le Turquais, qui se trouve dans les alizés de l’hémisphère nord : « On est rentrés dedans hier en quittant le pot-au-noir. Et franchement, c’est de loin le bord le plus désagréable de tout le Vendée Globe ». Il va falloir du courage et de la patience au navigateur : « Il y en a pour 4 jours comme ça. On est dans une mer hyper courte, hyper hachée de face ». Et en plus de naviguer dans une mer démontée, Tanguy Le Turquais doit compter avec des nuées de sargasses à la surface de l’eau. « Toutes les heures, je me mets face au vent et je passe une canne à algues dans les safrans pour enlever les sargasses, parce que ça me fait perdre deux nœuds. C’est épuisant ». D’autant que le mal de mer s’est invité à bord de Lazare. « Et pour couronner le tout, je n’arrive pas du tout à aller aussi vite que Benjamin dans ces conditions. »
J.75 Et quand rien ne va, tout ne peut… qu’empirer ! « C’est juste l’enfer », décrit Tanguy Le Turquais qui affronte des conditions météorologiques compliquées et une mer démontée. « Je ne peux pas vraiment bouger de la bannette, tellement ça bouge. Je n’arrête pas de tomber à chaque fois que je veux faire un truc dans le bateau. Là, j’ai été éjecté sous le vent, j’ai failli m’éclater le crâne. C’est du vrai saut de mouton, parce qu’en fait, on est face au vent. Il y a 35-40 nœuds avec de gros grains », se plaint le navigateur qui se soucie de l’état de son bateau. « J’ai vraiment mal pour le bateau. Il craque de partout, les voiles tapent. »
Le bateau se brise et le marin craque
J.76 Comme Tanguy Le Turquais le craignait, Lazare a du mal à tenir dans les conditions compliquées rencontrées dans cette partie de l’Atlantique. Alors que son navire se brise, le navigateur est au bord de la rupture : « J’ai vraiment mis le pied sur le frein toute la nuit pour préserver le bateau et justement éviter que ça casse. C’était tellement violent cette nuit que ça a quand même cassé. Je suis fatigué en fait. Je suis hyper fatigué », craque Tanguy Le Turquais. « Ça va aller », reprend-il avant de se résoudre à réparer le bateau, repartir et finir cette course. Ces mésaventures nécessitant de réparer l’IMOCA font perdre du terrain à Tanguy Le Turquais qui garde en tête la compétition : « Je suis en train d’ouvrir la porte en grand à Conrad, à Jean, à Benjamin. Je sais que je ne peux pas penser à la course dans ces conditions-là, mais c’est hyper dur de lâcher ». Une fois les réparations terminées, le moral du skipper remonte à la perspective de reprendre la course. « Désolé, tout à l’heure, j’ai un peu craqué. Je crois que c’était la fatigue. Mais là, ça va, je suis content ». Une épreuve de plus passée pour Tanguy Le Turquais qui a tout de même mis 7 heures à réparer son navire. « C’est reparti à l’attaque. La course, elle n’est pas finie, les amis », se réjouit le marin.