- Ce mercredi 3 septembre, l’État a été condamné pour faute lourde dans l’affaire de la disparition d’Estelle Mouzin, victime du tueur en série Michel Fourniret en 2003.
- Le père de la fillette disparue fait part de son soulagement.
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Disparition d’Estelle Mouzin : enfin la vérité ?
Plus de 20 ans après la disparition d’Estelle Mouzin, victime du tueur en série Michel Fourniret, l’État est condamné pour faute lourde, le tribunal de Paris relevant dans une décision rendue ce mercredi 3 septembre un « manque de moyens humains »
et des « dysfonctionnements »
dans l’enquête.
L’État va devoir verser 50.000 euros au titre du préjudice moral à Eric Mouzin, le père de l’enfant disparue en 2003 à l’âge de 9 ans. Il fait part de son soulagement.
Les cauchemars, les insomnies à répétition, ça aurait pu être un petit peu raccourci ce délai
Les cauchemars, les insomnies à répétition, ça aurait pu être un petit peu raccourci ce délai
Eric Mouzin
« Mes vingt années d’attente, vingt années à se demander
‘qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce que j’ai mal fait pour que les choses n’avancent pas mieux, pourquoi est-ce qu’on n’arrive pas, où est-elle ?’ Les cauchemars, les insomnies à répétition, ça aurait pu être un petit peu raccourci ce délai »,
regrette Eric Mouzin dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article.
« Si l’État reconnaît ses fautes et prend en compte ce qui lui est reproché et améliore les dispositifs, on ira dans le bon sens. Cette décision, elle est porteuse d’espoir pour toutes les familles qui attendent »,
espère-t-il
Des « manquements » du service public
Le père d’Estelle Mouzin avait assigné l’État en justice, fustigeant à l’audience en juin un « amateurisme »
dans la conduite des investigations.
Au début de l’enquête, la piste Michel Fourniret avait été suivie un temps avant d’être abandonnée. Ce n’est qu’en 2020 que la juge Sabine Khéris réussit à faire reconnaître à ce tueur en série son rôle dans la mort de la fillette.
Dans sa décision rendue ce mercredi, le tribunal de Paris a relevé la « cotation tardive et peu intelligible »
dans cette enquête. Pendant neuf ans, le dossier n’était pas coté (système de classement des différentes pièces du dossier qui permet de les répertorier). Ce n’est qu’en 2012 que la partie civile a pu avoir un accès complet à la procédure.
Le tribunal a également estimé que « la succession de dix magistrats instructeurs, dont certains pour de très courtes périodes de quelques mois »
, a participé « à la difficulté d’appréhender un dossier d’instruction d’une telle ampleur »
, qui comprenait au total « 48.407 cotes sur des centaines de milliers de pages ».
À l’audience qui s’est tenue le 11 juin, le procureur avait reconnu des « manquements du service public de la justice à l’égard de la partie civile ».
Le représentant du ministère public avait lui considéré qu’il y avait « une faute lourde »
mais sans causalité directe avec l’absence de mise en examen de Michel Fourniret.
Condamné à la perpétuité incompressible pour les meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, Michel Fourniret est mort en 2021, à 79 ans. Il n’a jamais été jugé pour la disparition d’Estelle Mouzin, dont le corps n’a pas été retrouvé.