En novembre 2024, le Conseil de la Ville de Paris a adopté le nouveau plan local d’urbanisme (PLU) bioclimatique, qui place la plantation au cœur des stratégies urbaines. L’objectif est ambitieux : végétaliser 300 hectares supplémentaires d’espaces urbains afin d’atteindre, par habitant, un ratio de 10 % de plantations. Pour y parvenir, chaque espace public disponible doit être investi.
En 2009, lors de l’exposition « Jardins demain », je proposais d’envisager nos cours d’immeubles comme nos premiers jardins de proximité face au manque de parcellaire disponible pour la création des parcs urbains. Grâce à une bourse de la Villa André Le Nôtre en 2016, ma recherche sur « La résurgence du sol dans la ville » m’a permis de réaffirmer l’importance de nos cours parisiennes dans le paysage urbain.
Car nos cours, prises entre le collectif et le privé, peuvent − et doivent − dorénavant porter un projet commun de plantation.
Aujourd’hui, nos villes s’étendent sans limites oubliant les sols qui les portent. Tels des inconscients de la ville, ces derniers ont pourtant façonné notre développement urbain. Ils sont la mémoire refoulée de la ville.
Participer à la révélation du « génie du lieu »
Le plan de prévention des risques d’inondation de Paris établi par les services publics met justement en évidence les vulnérabilités du territoire, et ce, notamment face aux crues de la Seine. Déjà, la carte des inondations d’Emmery de 1839 mettait en lumière l’irruption du lit majeur de la Seine ; nous nous voyons donc face à une situation qui ne cesse de se répéter, tel un retour du refoulé et que nous devons considérer.
Les quartiers parisiens portent l’empreinte de leur sol ; carrières, remblais, déblais ont sculpté nos reliefs au cours des siècles. La toponymie ancienne des rues reflète pourtant ce paysage d’origine ainsi que ses usages passés. « Rue des Cascades » [20e arrondissement], « rue du Pré-aux-Clercs » [7e arrondissement] ou encore « rue du Foin » [3e arrondissement] sont des exemples nous rappelant le sens géographique et paysager de ces quartiers, comme témoignages de l’anthropocène parisien.
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