Baguette emblématique de la grande tradition allemande, héritier d’une lignée de musiciens, le chef d’orchestre Christoph von Dohnanyi, qui partagea sa carrière entre grand répertoire et musique moderne, s’est éteint, samedi 6 septembre, à Munich (Allemagne), à l’âge de 95 ans. Personnalité exigeante et rigoureuse, issue d’une aristocratie dont il cultive les valeurs, il laisse l’image d’un homme d’une grande élégance, tant physique que morale, dont la réserve pouvait parfois s’apparenter à de la froideur. Ce qui ne rend pas justice à un art dont l’expressivité s’épanouit dans une vision certes maîtrisée, mais également profonde et sensible, du répertoire.
Né à Berlin le 8 septembre 1929, le petit-fils du compositeur et grand pianiste hongrois Ernö Dohnanyi (1877-1960) – émule de Brahms et condisciple de Bartok – commence la musique en famille. Son père, le docteur en droit Hans von Dohnanyi (1902-1945) a rejoint son beau-frère, le pasteur et théologien Dietrich Bonhoeffer, dans la lutte contre le nazisme. Leur participation à l’attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler leur vaudra d’être déportés puis pendus, le 9 avril 1945. A 15 ans, Christoph et son frère aîné d’un an, Klaus, sont orphelins. Ce dernier deviendra un homme politique respecté (ministre de l’éducation dans le gouvernement de Willy Brandt et maire social-démocrate de Hambourg).
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