Les prix des carburants pourraient diminuer dans les prochains jours pour les automobilistes.
En cause, la chute du cours du pétrole depuis l’annonce par Donald Trump de nouveaux droits de douane.
Mais la baisse des prix à la pompe pourrait rester limitée, selon Olivier Gantois, président de l’UFIP Énergies et Mobilités.
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La guerre commerciale de Donald Trump contre le reste du monde
Les automobilistes pourraient bien avoir une bonne nouvelle dans les prochains jours. Au milieu de la tempête financière mondiale, provoquée par la hausse des droits de douane annoncée par Donald Trump, la chute du cours du pétrole est inédite depuis plus de quatre ans. Conséquence : les prix des carburants vont baisser, que ce soit l’essence ou le diesel. Mais jusqu’où ? Éléments de réponse avec Olivier Gantois, président de l’UFIP Énergies et Mobilités, le syndicat professionnel des entreprises pétrolières françaises.
Comment expliquer cette baisse soudaine du prix du baril de pétrole ?
La baisse a été assez vertigineuse la semaine dernière. Là, en deux jours, le prix du baril a perdu une dizaine de dollars, on est passé de 74-75 dollars à un peu plus de 60. On n’avait pas observé ça depuis les confinements liés au Covid en 2020. Il y a deux raisons à cela, a priori indépendantes l’une de l’autre.
La première est l’annonce par Donald Trump de l’instauration de droits de douane très élevés, ce qui signifie potentiellement un ralentissement de l’économie. Les marchés pétroliers ont donc anticipé une situation où il y aurait un excédent de production par rapport à la demande. Le deuxième événement est arrivé seulement quelques heures plus tard : les pays de l’Opep+, qui représentent un peu moins de 50% de la production mondiale de pétrole brut, ont annoncé accélérer leur calendrier d’augmentation de leur production. Dans le détail, leur production devait augmenter de 120.000 barils par jour et ce sera finalement 300.000 barils à partir de mai. De quoi faire craindre là aussi aux marchés un excédent par rapport à la demande.
S’il y a vraiment un effondrement des prix pétroliers, l’Opep sonnera la fin de la récré
S’il y a vraiment un effondrement des prix pétroliers, l’Opep sonnera la fin de la récré
Olivier Gantois, président de l’UFIP Énergies et Mobilités
Les automobilistes vont-ils observer rapidement une baisse des prix des carburants quand ils feront le plein ?
Ils commencent déjà à baisser dans un certain nombre de stations-service en France. Selon le ministère de la Transition Écologique, le diesel est actuellement à 1,63 euro le litre et l’E10 à 1,73 euro. La baisse des prix sera surtout observable dans les chiffres de la semaine prochaine. Ce sera en tout cas très rapide, dans les prochains jours, car les distributeurs sont obligés de se prémunir contre de tels changements de prix. Donc ce qui compte pour déterminer le prix en station-service, c’est le prix du baril le jour-même, ce qui explique que la baisse se répercute aussi vite.
De quelle ampleur pourra être cette baisse ? Cela se comptera en centimes ou en dizaines de centimes ?
On ne peut pas encore le savoir exactement mais ça pourrait représenter quelques centimes, peut-être jusqu’à cinq centimes par litre. Mais pas beaucoup plus car l’Opep+, dont l’Arabie Saoudite et la Russie, peut décider d’ouvrir plus ou moins le robinet. Ils décident du niveau de leur production au début de chaque mois. S’il y avait vraiment un effondrement des prix pétroliers, au-delà de ce qui a déjà été observé la semaine dernière, ces pays sonneront la fin de la récré en réduisant leur production pour résorber l’excédent sur le marché. Ils le feront forcément car leur budget national dépend en partie des revenus pétroliers.
Cette bonne nouvelle pour les consommateurs va-t-elle durer dans le temps ou les prix vont-ils rapidement revenir à leur niveau habituel ?
Tout dépendra de ce qui va réellement se passer pour les droits de douane. L’administration Trump a certes fait ses annonces, mais certains pays ont déjà entamé des négociations avec les États-Unis. Si elles aboutissent, les droits de douane n’augmenteront peut-être pas autant que prévu et, dans ce cas-là, il y aura moins d’impact sur l’économie mondiale. Les prix pétroliers retrouveraient alors leur niveau d’avant. Il y a beaucoup d’incertitudes, ce qui empêche de faire des prédictions sur la durée de cette baisse.