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Grégoire Chassaing a le sentiment d’être « le coupable idéal », ainsi qu’il l’a énoncé face au juge d’instruction lui ayant notifié sa mise en examen. Agé de 54 ans, le commissaire qui a mené l’opération de dispersion de la Fête de la musique 2019 à Nantes au cours de laquelle Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans, a péri noyé dans la Loire est jugé pour « homicide involontaire » à partir de ce lundi 10 juin.
Le procès est prévu sur cinq jours à Rennes, où l’affaire a été dépaysée. M. Chassaing, qui a toujours été très bien noté par sa hiérarchie – juste avant cette comparution, il a été promu chef de la circonscription de police nationale de Lyon –, encourt une peine de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
Selon les juges d’instruction ayant rédigé l’ordonnance de renvoi de M. Chassaing devant le tribunal correctionnel, ce dernier a commis de multiples « fautes » dans la conduite de l’intervention de police qu’il a dirigée, la nuit du drame, pour faire cesser une soirée techno.
La fête avait brutalement dégénéré dans la nuit du 21 au 22 juin 2019, peu après 4 heures du matin – horaire prévu pour la fin des réjouissances, régulièrement dépassé lors de précédentes éditions de la Fête de la musique –, après que les policiers ont exigé l’extinction des dix sound systems installés sur le quai Wilson, site bordant la Loire, alors sans parapet.
Quatorze personnes dans la Loire
Quelques minutes auparavant, Steve Maia Caniço avait envoyé un message pour avertir ses amis qu’il était fatigué et qu’il allait se mettre un peu à l’écart des murs crachant les décibels. Il avait bu plusieurs bières mais n’était pas saoul. Il n’avait pas consommé de stupéfiants, ainsi que le souligne le rapport d’autopsie qui a suivi la découverte de son corps.
Lorsque 4 heures ont sonné, le commissaire Chassaing, responsable du dispositif de sécurité générale de la Fête de la musique, a repris contact, « non casqué », avec les DJ. Signe, dit-il, qu’il ne s’est pas « senti un seul moment en insécurité ». Des DJ ont commencé à ramasser amplis, tables de mixage et enceintes. Encouragé par la foule, l’un d’eux, provocateur, a lancé un ultime morceau.
La prolongation musicale a aussitôt viré au cauchemar. Outre les quolibets, les policiers ont rapidement essuyé des jets de bouteilles et de pierres. En retour, ils ont déversé une pluie de grenades lacrymogènes. « Pour se dégager, se protéger et reconquérir le terrain, les policiers ont fait usage de trente-trois grenades lacrymogènes, dix grenades de désencerclement et de douze tirs de lanceur de balle de défense », a recensé l’inspection générale de l’administration (IGA), en septembre 2019. M. Chassaing s’est dit lui-même surpris de l’imposant décompte, admettant s’être aperçu « après coup » que les gaz ont été « poussés de la route vers la Loire ».
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