Quatre jours après le début du premier confinement, ce vendredi matin 20 mars 2020, Nicole Belloubet, alors garde des sceaux, est l’invitée des « 4 vérités » sur France 2. Depuis le début de la semaine, plusieurs incidents graves ont éclaté dans les prisons françaises après la suppression des parloirs et des visites des familles. La crainte de mutineries, comme cela s’est passé en Italie, est alors prise très au sérieux. En visio, depuis son bureau de la Place Vendôme, la ministre veut certes rassurer, mais surtout annoncer une mesure choc : elle envisage de faire sortir les détenus en fin de peine, à l’exception des condamnés pour crimes, terrorisme et agressions sexuelles. Une véritable révolution. Depuis la fin des amnisties (2002) et des grâces collectives (2008), la France ne dispose plus d’aucun mécanisme de régulation de la population carcérale. Or, dans des prisons souvent pleines à craquer, les risques de propagation du virus sont immenses.
Dans une France confinée et tétanisée, l’annonce de Nicole Belloubet passe quasiment comme une lettre à la poste. A l’exception de quelques réactions de députés du Rassemblement national. Si bien qu’un an plus tard, tout le monde a oublié que la garde des sceaux a réussi à faire sortir environ 7 000 détenus, dans une relative indifférence. Résultat : en 2021, la population carcérale baisse de 70 730 à 62 673 détenus (du fait, aussi, de la baisse des entrées), ce qui fait revenir le taux d’occupation juste au-dessus des 100 %.
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