Les carrot cakes au four embaument et le soleil entre à flots. Aux petites cantines de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), on se rencontre autour de repas sains et à prix libre, en mettant si possible la main à la pâte. « Depuis notre ouverture, mi-novembre, plein de gens poussent la porte, se réjouit Jean-Marc, cofondateur bénévole de la dernière-née de ce réseau de cantines associatives. Je ne sais pas si c’est un effet du Covid… »
Agés de 17 à 76 ans, les huit cuisiniers de ce jeudi de mars et les quelques convives qui les rejoignent pour le déjeuner partagent l’envie de nouer des liens, mais divergent quant au rôle joué par la crise sanitaire de 2020. Arlette et Hélène, septuagénaires venues en voisines, parlent d’un retour à la normale. Claire, qui approche de la soixantaine et habite comme elles cette banlieue populaire de l’Est parisien, est ressortie plus légère des confinements : « Ils ont diminué la peur de la solitude et apporté de la liberté : on ne se sent plus obligés de voir des gens. »
Les trois quadragénaires présentes, mères de famille, ont été très marquées par cette période où il a fallu travailler tout en s’occupant des enfants, en l’absence d’école. Toutes les trois ont engagé des reconversions professionnelles et ont vu d’autres le faire. « Il y a une recherche de sens », observe Anne, cofondatrice des Petites cantines, qui a quitté son poste dans l’audiovisuel pour se former en massothérapie. En termes de sociabilité, « je n’ai plus le même rapport à mes amis d’avant, je vais moins à Paris, confie cette habitante des Lilas. On a fait connaissance avec nos voisins pendant le confinement et on se sent hyper bien dans notre quartier et notre ville ».
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