Des enquêteurs indépendants de l’ONU accusent Israël d’« extermination », « en tuant des civils réfugiés dans des écoles et des sites religieux »
Une commission internationale d’enquête des Nations unies a affirmé, mardi, que les attaques israéliennes contre des écoles et des sites religieux et culturels dans la bande de Gaza constituent « des crimes de guerre et le crime contre l’humanité d’extermination ».
« La vaste destruction matérielle de Gaza, le démantèlement de son système éducatif et les attaques contre les sites culturels et religieux (…) n’affectent pas seulement les Palestiniens à l’heure actuelle, mais compromettent également l’avenir du peuple palestinien, y compris son droit à l’autodétermination », conclut la commission indépendante, dans un rapport publié mardi.
Dans un communiqué, la commission accuse Israël d’avoir « anéanti le système éducatif de Gaza et détruit plus de la moitié des sites religieux et culturels de la bande de Gaza, dans le cadre d’un assaut généralisé et incessant contre le peuple palestinien au cours duquel les forces israéliennes ont commis des crimes de guerre et le crime contre l’humanité d’extermination ».
« Nous avons de plus en plus d’indications qu’Israël mène une campagne concertée pour anéantir la vie des Palestiniens à Gaza », y assure la présidente de la commission, la Sud-Africaine Navi Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), juge à la Cour pénale internationale (CPI) et haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.
Cette commission internationale indépendante est composée de trois membres et a été créée par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies en mai 2021 pour enquêter sur les violations du droit international en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.
La commission accuse les forces israéliennes d’avoir commis des crimes de guerre lors des attaques contre des établissements éducatifs et « le crime contre l’humanité d’extermination (…) en tuant des civils réfugiés dans des écoles et des sites religieux ». Une telle destruction « n’est pas en soi un acte génocidaire », mais « la preuve d’un tel comportement peut néanmoins permettre de déduire l’intention génocidaire de détruire un groupe protégé », explique le rapport.
La commission indique aussi avoir trouvé des « preuves significatives » que les forces de sécurité israéliennes ont saisi et utilisé des centres d’enseignement « comme bases ou zones d’attente militaires, y compris en transformant une partie du campus Al-Mughraqa de l’université Al-Azhar en synagogues pour les troupes ». Elle accuse aussi les autorités israéliennes de s’en prendre aux enseignants et aux étudiants en Israël exprimant leur solidarité avec la population à Gaza.
Face aux récits et aux images d’horreur qui sortent de la bande de Gaza, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour qualifier de « génocide » la guerre menée par Israël dans le territoire palestinien. A l’ONU, le chef des opérations humanitaires, Tom Fletcher, a exhorté les dirigeants mondiaux, dans un discours choc à la mi-mai 2025, à « agir pour empêcher un génocide ». La commission présentera son rapport le 17 juin devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies.