Le Concorde N°1, qui se trouve actuellement à Blagnac, près de Toulouse, a été classé au titre des « Monuments historiques », a annoncé lundi 5 mai Rachida Dati.
S’il n’a volé que pendant quelques décennies, ce célèbre avion au nez pointu est entré dans l’histoire.
Voici cinq choses à connaître à son sujet.
Son apparence atypique, avec son long nez effilé et son aile delta, reste gravée dans les mémoires. Même s’il n’a plus volé depuis plus de 20 ans, le Concorde conserve toujours cette image d’avion révolutionnaire. Désormais, afin de « transmettre aux générations futures un exemple unique de notre savoir-faire aéronautique, dans une vision futuriste », il va être classé au titre des « Monuments historiques », a annoncé lundi 5 mai la ministre de la Culture Rachida Dati. Plus précisément, le « Concorde N°1 et l’ensemble de ses équipements », actuellement exposés au musée aéronautique Aeroscopia de Blagnac (Haute-Garonne), intègrent cette servitude d’utilité publique (SUP).
✈️ J’annonce le classement au titre des monuments historiques de l’avion Concorde n° 1 et de l’ensemble de ses équipements. Cet avion a incarné la force industrielle et la capacité d’innovation de la France sur le plan aéronautique. Il a été aussi un symbole de notre capacité de… pic.twitter.com/KcXZ5Ubaxv — Rachida Dati ن (@datirachida) May 5, 2025
À noter qu’il avait déjà été inscrit à ce registre en 2024, mais qu’il bénéficie d’un niveau de protection plus élevé avec ce classement (le classement protège davantage que l’inscription). Un ensemble de règles très strictes régissent dorénavant la propriété, l’entretien, et éventuels déplacements ou travaux de l’appareil. Il serait tentant de se demander pourquoi le gouvernement prend de telles précautions. Et la réponse est assez simple, puisque cet avion a « incarné la force industrielle et la capacité d’innovation de la France sur le plan aéronautique », comme le rappelle Rachida Dati, et tout simplement révolutionné son époque. Voici pourquoi.
Innovations en pagaille, vitesse record, luxe… un avion remarquable
Reconnaissable entre tous, le Concorde mesurait plus de 62 mètres de long, pour une envergure légèrement supérieure à 25 mètres. Ce monstre d’acier issu d’une coopération franco-britannique évoluait à une vitesse de croisière de 2.200 km/h (Mach 2), à 18.000 mètres du sol. Pour rappel, il ralliait par exemple Paris à New York en 3h30, soit moitié moins qu’à l’heure actuelle. Pour réussir de telles performances, l’avion « a bénéficié de nombreuses innovations : disques de freins en matériaux composites (carbone-carbone), alliage d’aluminium élaboré pour lui – résistant à la température de l’ordre de 120°C atteinte en vol supersonique du fait du frottement atmosphérique -, nez s’inclinant de 17° à l’atterrissage ou au décollage afin d’améliorer la visibilité du pilote quand l’appareil se trouve complètement cabré », rappelle le dictionnaire Larousse.
Mais le puissant quadriréacteur se distinguait aussi par sa stabilité remarquable (encore plus à sa vitesse) et son luxe intérieur. Au-delà de ses équipements, il proposait à ses clients une offre très haut de gamme durant le vol. « Chacun, j’ai l’impression, avait la chance de réaliser d’aller à New York en 3h30, à Mach 2, de boire de grands crus classés », résumait Caroline Cadier, ancienne cheffe de cabine Concorde à Air France, lors d’un 13H de TF1, en 2024.
Seulement une vingtaine d’exemplaires
Le premier vol d’essai du Concorde, au-dessus de Toulouse le 2 mars 1969, a attiré un millier de spectateurs et plus de 400 journalistes du monde entier. Pour ce qui est du Concorde N°1 (F-WTSB), classé « Monument historique », il est l’un des deux premiers exemplaires à avoir été assemblés, et l’un de ceux destinés à obtenir le certificat de navigabilité indispensable pour pouvoir transporter des passagers. Il a effectué son premier vol le 6 décembre 1973 et son dernier le 26 mai 1982, ouvrant la voie à la fameuse liaison entre Paris et New York.
Malgré un succès populaire incontestable, seuls 20 appareils ont été construits, et exploités uniquement par Air France et British Airways. Mais fait notable en matière aéronautique, 18 d’entre eux sont à ce jour conservés, dont 6 en France. Seuls le 203 F-BTSC, qui s’est écrasé à Gonesse (on y reviendra), et le 211 F-BVD, mis en retraite prématurée en 1982, manquent à l’appel.
Un appareil très gourmand en kérozène
Le Concorde a toutefois rapidement touché ses limites en raison des besoins gargantuesques en carburant de ses quatre réacteurs. « Ce n’est pas juste un peu plus que les autres avions, c’était au moins cinq fois plus qu’un avion subsonique », rappelle Matthew Lord, guide-conférencier au musée aéronautique Aeroscopia de Blagnac, au micro de TF1. Pas moins de… 1.200 kilos de kérosène par passager étaient ainsi nécessaires pour traverser l’Atlantique. « On essayait de commercialiser Concorde juste après les chocs pétroliers de 1973. C’est mal tombé », pointe l’expert. Autrement dit, la flambée des prix du pétrole a tué dans l’œuf un potentiel succès international du bolide.
Concorde : la folle aventure du supersoniqueSource : JT 13h WE
12:50
Plusieurs compagnies aériennes et/ou pays ont également été rebutés par les nuisances sonores considérables pour les personnes au sol. En cause notamment l’onde de choc – le fameux « bang » – lié au passage du mur du son.
Gonesse, un crash au propre comme au figuré
Mais surtout, le Concorde ne s’est jamais remis du seul véritable drame dans lequel il a été impliqué : le crash de Gonesse. Le 25 juillet 2000, le vol Air France 4590 s’est écrasé sur un hôtel de cette commune du Val-d’Oise, peu après son décollage. 113 personnes sont décédées lors de cet accident. S’il a par la suite été prouvé que ce dernier n’était pas lié à une défaillance technique du Concorde, l’avion ne s’en est jamais vraiment remis. Il a finalement été retiré du service quelques années plus tard, après un ultime vol le 26 novembre 2003.
Les personnalités au rendez-vous
Pendant ses 30 ans d’exploitation, le Concorde a accueilli à son bord de nombreuses personnalités. Pêle-mêle, Sting, Alain Delon, Mireille Darc, Elton John, Catherine Deneuve, Paul McCartney s’y sont par exemple essayés. Phil Collins a également pu, grâce au Concorde, donner deux concerts le même jour, à Londres et Philadelphie.
Les présidents français Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand et Jacques Chirac ont aussi profité du bolide supersonique. La famille royale britannique n’est pas non plus en reste, puisque la reine Elisabeth II, le prince Philip, la princesse Diana ou encore le prince Charles y ont eu recours.