Claude Perdriel, 98 ans, a six enfants âgés de 27 à 41 ans. Nous avons rendez-vous un vendredi, avant qu’il retrouve son benjamin pour le déjeuner. Trois jours plus tôt, il est allé à la remise de diplôme d’un de ses fils, avant d’aller dîner chez un autre. Deux autres de ses enfants ne sont pas à Paris, la dernière sera là pour le déjeuner dominical. Cette semaine comme chaque semaine, ouf, il aura été en contact avec les six. « Ma femme me dit parfois “tu les bloques” et je lui réponds “je ne les bloque pas, ils ont l’air contents de me voir !”, s’amuse l’industriel et patron de presse à son bureau. Elle me rétorque “oui mais ils se sentent obligés”, je réponds, “mais non, ils ne sont pas obligés, ils sont heureux de me voir”. » Claude Perdriel a besoin de cette proximité. « Jusqu’à récemment, ma dernière fille et mon dernier fils habitaient dans le même immeuble que moi. Ma femme me dit que ce n’est pas bien parce qu’il faut qu’ils vivent leur vie… Ce n’est peut-être pas bien, mais, moi, j’adore. »
Etes-vous très attaché à la cohésion familiale ?
Je n’ai pas eu une enfance malheureuse, mais j’ai eu une enfance sans parents. Mon père et ma mère se sont séparés quand j’avais 3 ans, ma grand-mère m’a pris chez elle, et je ne les ai pratiquement plus revus jusqu’à l’âge de 11 ans. Comme je croyais en Dieu, à l’âge de 6-7 ans, je faisais tous les soirs ma prière au petit Jésus pour qu’il remette mes parents ensemble. J’ai eu la chance d’avoir des familles d’adoption. D’abord ma grand-mère, puis une famille juive [celle de la marraine de sa mère] qui s’appelait Levy-Jungmann, qui a été extraordinaire, qui a récupéré ce petit garçon que j’étais et s’est occupé de moi pendant des années.
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