« Je ne crie pas du tout cocorico », minimise Christophe Béchu. Sur le plateau de TF1, mercredi 20 mars, le ministre de la transition écologique peine toutefois à cacher sa satisfaction en annonçant une année « historiquement bonne » sur le front de la lutte contre le dérèglement climatique en France.
Les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 4,8 % en 2023 par rapport à 2022, selon des chiffres provisoires publiés, jeudi, par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), l’organisme mandaté pour réaliser cet inventaire. Il s’agit de la plus forte diminution depuis 2015 et presque le double de 2022 (– 2,7 %).
Au total, les activités sur le territoire français ont émis 385 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2e) en 2023 – hors importations et hors puits de carbone. C’est moins qu’en 2020, lorsque la pandémie de Covid-19 et les confinements avaient entraîné une chute des émissions, à 392 Mt CO2e. Les rejets carbonés ont été réduits de 29 % depuis 1990.
Pour la première fois, la baisse est commune à tous les secteurs. Elle est la plus marquée dans la production d’énergie (– 14 %), en raison d’une forte production nucléaire mais aussi, « dans une moindre mesure », d’hydraulique, d’éolien et de solaire, indique le Citepa. Il s’agit donc avant tout de la fin d’une situation inédite, qui avait vu, en 2022, l’arrêt d’une grande partie des réacteurs pour des problèmes de maintenance et de corrosion, générant un recours plus important aux centrales à gaz et au charbon.
Les émissions ont également diminué de 8 % dans l’industrie, sous l’effet d’un recul de la production industrielle notamment dans le ciment, la chimie et la sidérurgie. « De plus, la consommation de gaz naturel a chuté de 19 % dans la grande industrie et le secteur industriel poursuit ses efforts de décarbonation », ajoute le Citepa.
Sobriété des ménages et des entreprises
Les bâtiments tirent également les chiffres à la baisse (– 6 %). Parmi les raisons de cette bonne performance, l’organisme cite les comportements de sobriété des ménages et des entreprises, la poursuite des rénovations énergétiques « en lien avec les mesures MaPrim’Renov et l’installation de pompes à chaleur », des mois de janvier et décembre 2023 plus doux que ceux de 2022 qui ont réduit le recours au chauffage, ainsi qu’un contexte inflationniste et de hausse des prix de l’énergie.
La vraie nouveauté réside dans le secteur des transports – le plus polluant, avec 32 % des émissions nationales –, dont les rejets carbonés n’ont cessé de stagner ou d’augmenter depuis une décennie. En 2023, ils ont enregistré une baisse de 3 %, soit le niveau le plus bas depuis 2009 en dehors du Covid-19. Plusieurs effets se sont combinés : des hausses ponctuelles du prix à la pompe, une baisse des ventes des véhicules diesel compensée par une progression de ceux dotés d’une motorisation électrique ou hybride et une « évolution des comportements (sobriété, report modal, covoiturage notamment) », détaille le Citepa. Seul point noir, le secteur aérien voit ses émissions s’envoler, avec une hausse de 21 % pour les vols domestiques et de 27 % pour ceux internationaux.
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