Le parquet colombien a annoncé, samedi 23 août, que deux hommes membres du Front Jaime Martinez de l’Etat-major central (EMC), la plus importante dissidence des ex-FARC, sont poursuivis pour homicides aggravés, à la suite de l’attaque au camion piégé survenue jeudi dans le sud-ouest de la Colombie, qui a tué six civils et fait plus de soixante blessés, dont des enfants et une femme enceinte. Ce crime peut valoir jusqu’à cinquante ans d’emprisonnement.
Selon le procureur, Walter Yonda et Carlos Obando Aquirre auraient « transporté et activé deux camions dans lesquels étaient placés plusieurs cylindres contenant un matériau explosif à base de nitrate d’ammonium et de grenades de mortier ». L’un des véhicules a explosé devant l’école d’aviation militaire de Cali, la troisième ville la plus peuplée du pays.
Le même jour, près de Medellin, deuxième ville de Colombie par la population, treize policiers ont été tués lors d’échanges de tirs et du fait du lancement d’un drone explosif contre un hélicoptère alors que ces agents participaient à une campagne d’éradication de plants de coca. La Colombie est le plus grand producteur mondial de cocaïne.
Les autorités attribuent ces crimes à deux dissidences des ex-FARC, en conflit entre elles, qui ont rejeté l’accord de paix signé en 2016.
Le président de la Colombie, Gustavo Petro, avait annoncé, vendredi sur X, l’arrestation de Diomar Mancilla, membre de la colonne Jaime Martinez et qui « a participé à l’attaque contre la population civile ».
Opération « Sultana »
Après la vague d’attaques, le ministre de la défense colombien, Pedro Sanchez, a déclaré, samedi devant la presse, que l’Etat déployait tous les moyens pour « neutraliser les menaces » contre la sécurité, dans un pays qui traverse sa pire crise de violences depuis une décennie. Il a participé à une réunion avec des responsables des forces de l’ordre à Antioquia, au nord-ouest du pays, pour organiser la lutte contre les groupes de guérilleros dissidents, les paramilitaires et les cartels qui tirent profit du narcotrafic, de l’extorsion et de l’exploitation minière illégale.
Il avait annoncé, vendredi, le lancement d’une opération baptisée « Sultana » pour protéger la Colombie « contre le terrorisme et le crime ». Le ministre a donné peu de détails sur l’opération, précisant néanmoins qu’elle consistait à renforcer une unité déjà chargée de retrouver et de capturer des cibles de haut niveau.
« Le “bloc de recherche” sera renforcé avec plus de capacités technologiques et de renseignement », a-t-il dit, en référence à cette unité de 700 personnes, semblable à celle qui avait traqué dans le passé des barons de la drogue comme Pablo Escobar.
Des groupes dissidents ont mené récemment des dizaines d’attaques et sont également mis en cause dans l’assassinat du sénateur et candidat de droite à la présidentielle Miguel Uribe Turbay, atteint de deux balles à la tête par un tueur à gages âgé de 15 ans alors qu’il prononçait un discours dans la capitale, le 7 juin. Les autorités désignent le groupe Segunda Marquetalia, dissident de la guérilla des FARC, comme le commanditaire.