François Bayrou a annoncé, lundi 26 mai, l’affectation de 90 millions d’euros issus du marché européen des émissions polluantes à la décarbonation du secteur maritime, à l’occasion d’un comité interministériel de la mer organisé à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Ce comité « a décidé que les revenus générés par le marché carbone européen maritime seront mobilisés pour participer à la décarbonation du secteur maritime », a expliqué le premier ministre.
Il s’agit de recettes générées par le marché européen des quotas d’émissions de CO2 (ETS) dans le transport maritime, intégré à ce marché depuis le 1er janvier 2024. Elles pourront financer à partir de 2026 « la modernisation des navires, les infrastructures portuaires et la production de carburants alternatifs », a précisé une source gouvernementale à Agence France-Presse (AFP).
Ces moyens augmenteront dans les prochaines années parce que « les recettes du marché carbone seront elles-mêmes en croissance », a-t-on assuré de même source. L’intégration du transport maritime à ce marché carbone « va générer un flux financier qui abondera pour partie le fonds d’innovation de l’Union européenne et sera en partie reversé aux Etats membres selon une clé de répartition qui est historique », a-t-on également détaillé.
Le gouvernement entend aussi « mobiliser à court terme » les retombées financières des parcs éoliens en mer pour renouveler une flotte de pêche vieillissante. En 2023, Emmanuel Macron avait évoqué une enveloppe de 700 millions d’euros fondée sur la future fiscalité de ces projets.
Pour l’éolien, des « études préalables » vont être lancées pour un éventuel projet d’éolien en mer sur l’île de la Réunion. La France prévoit de disposer d’une capacité de production de 18 gigawatts (GW) d’éolien en mer en 2035 et 45 GW en 2050, contre 1,5 GW aujourd’hui.
Lancement d’un troisième plan contre les sargasses
François Bayrou a également annoncé lundi le lancement d’un troisième plan de lutte contre la prolifération des sargasses, ces algues brunes aux émanations toxiques qui envahissent le littoral des Antilles. Le plan contre les sargasses, qui « défigurent nos côtes dans les Antilles, empêchent la baignade, rendent impossible la vie des riverains », sera « lancé dans les mois qui viennent », a déclaré le chef du gouvernement.
Il sera axé notamment sur « le soutien à la collecte et à la destruction de ces algues, ce qui passe par le recours accru à des navires » appelés « sargator, capables de collecter seize tonnes d’algues par heure », « à des grues et à des barges de stockage dédiées », a dit François Bayrou.
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Au préalable, il aura été établi un bilan du plan actuel pour « pérenniser » les actions qui ont « montré leur efficacité », a précisé une source gouvernementale à l’AFP.
Depuis près d’une quinzaine d’années, ces algues brunes envahissent les littoraux des Caraïbes mais aussi de Guyane, d’Amérique centrale, du golfe du Mexique, de la Côte d’Ivoire, du Bénin ou du Togo. Alors que la science tâtonne encore sur les causes du phénomène, les sargasses étouffent la biodiversité et ont des conséquences sanitaires, économiques et touristiques.
Elles salissent plages et ports, bloquent parfois l’accès des bateaux, mais, surtout, dégagent, en séchant, de l’hydrogène sulfuré et de l’ammoniac, qui peuvent provoquer maux de tête, nausées et vomissements. En pleine mer, elles ne sont pas nocives et servent, au contraire, de refuge à des poissons et à des crustacés.