Usage très libre des termes « dictateur », « fraude » ou « gauche radicale », chasse au vocabulaire de la justice sociale, changements symboliques de noms de montagne ou de mer… Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump gouverne autant par les mots que par les décrets, à travers ce qui peut s’apparenter à un « blitzkrieg » lexical, une guerre éclair dans le champ du vocabulaire.
La novlangue du gouvernement Trump II
Déjà, lors de son premier mandat, le tribun qualifiait volontiers la presse traditionnelle de « fake news media » ( « médias mensongers »), dans un étonnant retournement des accusations : le Washington Post avait comptabilisé 30 573 affirmations présidentielles fausses ou trompeuses en quatre ans. De retour à la Maison Blanche, le magnat de l’immobilier continue d’user du langage à sa guise.
- « Dictateur », un qualificatif à géométrie variable
Le 19 février, Donald Trump a ainsi qualifié Volodymyr Zelensky de « dictateur ». Elu démocratiquement en 2019, le président ukrainien est certes resté en poste au-delà du terme de son mandat de cinq ans, mais pour une bonne raison : la loi martiale en vigueur depuis l’agression russe a repoussé sine die l’élection présidentielle de 2024. Une semaine plus tard, Donald Trump a par contre refusé de qualifier de dictateur Vladimir Poutine, accusé de dérive autoritariste depuis 2012 et soupçonné d’avoir commandité l’empoisonnement de son opposant politique Alexeï Navalny. « Je n’emploie pas ces mots à la légère », a-t-il assuré. Pourtant, le 27 février, il est revenu sur ses propos peu amènes concernant Volodymyr Zelensky : « Je n’arrive pas à croire que j’ai dit ça », a-t-il concédé.
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