Elle parle d’un ton monocorde devant la cour criminelle du Morbihan, lundi 10 mars. Parfois, Alexandra, 47 ans, s’arrête pour contenir les trémolos qui lui brûlent la gorge lorsqu’elle décrit les violences infligées dans les années 1980 par son oncle, Joël Le Scouarnec, ce chirurgien accusé de viols et d’agressions sexuelles sur 299 victimes. A la barre, Alexandra tient à rappeler toutes les fois où le médecin aurait pu être « stoppé ». Comme plusieurs victimes et témoins avant elle, Alexandra évoque notamment « 2004 ».
En décembre de cette année-là, Joël Le Scouarnec a été interpellé pour importation et détention d’images pédopornographiques puis condamné, en 2005, à quatre mois de prison avec sursis. Comment Joël Le Scouarnec a-t-il réussi à passer « entre les gouttes », comme il l’a écrit dans ses carnets intimes ? « Beaucoup se sont laissé aveugler par le statut social de Joël Le Scouarnec. Son procès devant la cour criminelle doit permettre de donner à voir tous les dysfonctionnements institutionnels pour qu’ils ne se reproduisent plus aujourd’hui », insiste Frédéric Benoist, avocat de l’association La Voix de l’enfant. Il faut se replonger dans le dossier de « 2004 » pour comprendre pourquoi tant de parties civiles en parlent comme d’un « tournant raté » de l’affaire Le Scouarnec.
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