C’est un spectacle désespérant. Un projet pharaonique qui a englouti 500 millions de dollars (478 millions d’euros) avant d’être laissé à l’abandon. L’immense marché de Viana, dressé aux portes de Luanda, ressemble à une cathédrale du commerce vide, où quelques ombres humaines s’activent mollement à faire frire des beignets dans une chaleur poisseuse ou à empaqueter des légumes. Ce devait être le Rungis de l’Angola, destiné à accueillir les vendeurs à la sauvette du Kilomètre 30, un bazar informel qui se trouve à proximité, et à aider les paysans à écouler leurs produits dans la capitale de 9,6 millions d’habitants. Mais, empêtré dans un scandale de corruption, le marché de gros n’a jamais ouvert.
Il s’ajoute à la longue liste des projets de développement lancés par le gouvernement pour réduire la dépendance du pays à l’égard du pétrole, puis tombés en déshérence après avoir brûlé des centaines de millions de dollars. Il y eut avant lui un abattoir construit dans une province sans bétail, ou encore une usine de transformation de maïs dans une région où ne pousse que du blé.
La diversification de l’économie en Angola est une vieille rengaine, régulièrement remise sur la table, mais jamais vraiment entamée, depuis le début de l’exploitation du pétrole au large de ses côtes, en pleine mer, au début des années 2000. De fait, le secteur des hydrocarbures, plus puissant que jamais, pèse aujourd’hui 30 % du produit intérieur brut, 95 % des revenus d’exportation, deux tiers des recettes fiscales et emploie 35 000 Angolais (sur une population totale de 37,8 millions). Derrière lui : une économie fantôme, où la quasi-totalité des habitants ne produisent pas de richesse. Las, le pétrole freine le développement des autres secteurs.
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