Il s’est écoulé un long moment après la réunion du conseil d’administration de Stellantis, dimanche 1er décembre, avant que le constructeur automobile puisse confirmer « la démission avec effet immédiat » de son emblématique directeur général, Carlos Tavares. Ce dernier a discuté pied à pied les termes du communiqué. Négociateur connu pour sa rudesse et son exigence, il a posé des conditions sur son indemnité de sortie.
Le montant n’a pas été révélé. Mais tout le monde a en tête le chèque encaissé par le patron américain de Fiat Chrysler, Mike Manley, lorsque ce dernier a quitté le groupe après la fusion avec PSA, laissant la place de numéro un au patron européen : 51 millions d’euros. On connaît aussi les rémunérations faramineuses accordées à Carlos Tavares : 36,5 millions d’euros en 2023, 23,5 millions d’euros en 2022 et 19 millions en 2021, selon le rapport financier du constructeur.
Ces sommes contiennent toutefois des éléments variables qui ne sont effectivement dus que si certains objectifs – sur l’évolution du cours de Bourse notamment – sont atteints. C’est donc l’heure des comptes. « L’indemnité ne va pas au-delà de ce qui est prévu dans son contrat », assure une source proche des actionnaires de référence de Stellantis. Mais le sujet du chèque de départ n’est pas la seule question levée par cette éviction choc. Passage en revue.
Comment Stellantis va-t-il fonctionner sans son directeur général ?
Le processus de sélection du successeur de Carlos Tavares étant en cours, c’est le président du conseil d’administration, John Elkann, représentant de la famille Agnelli, qui assure par intérim la direction du groupe. Ce dernier est tout de suite parti à Detroit (Michigan), à la rencontre des équipes américaines de Stellantis. Il a surtout voulu présenter dès lundi la nouvelle organisation de la direction, « pour montrer qu’il n’y a pas de latence opérationnelle », insiste un porte-parole du constructeur.
John Elkann a commencé par faire revenir un homme de confiance : l’ancien directeur financier de Fiat Chrysler (FCA), Richard Palmer, qui sera son conseiller spécial. Il avait quitté le groupe en 2023. Carlos Tavares l’avait remplacé par Natalie Knight, venue de la grande distribution, pour améliorer la communication financière. Elle n’a tenu que quelques mois, remerciée en octobre.
John Elkann a mis fin à l’organisation en râteau de Carlos Tavares. Celui-ci avait une top executive team de 35 personnes, qui lui rapportaient tout directement. Cet automne, pour plus d’efficacité, elle avait été resserrée à… 29 personnes. Carlos Tavares la réunissait tous les mardis à distance, convaincu qu’il pouvait déceler leurs humeurs et les contrariétés de chacun en scrutant les petites vignettes de sa tablette de visioconférence.
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