« Le Monde des livres » le rappelle à chaque rentrée des essais : les livres consacrés aux enjeux écologiques occupent une place de plus en plus importante dans l’édition de sciences humaines française, à laquelle ils ont offert, ces dernières années, quelques grands succès, de même que ces sujets irriguent toujours davantage la fiction. Mais un éléphant s’est glissé dans la pièce, qui entrave cet élan général : l’empreinte carbone du secteur.
Pour résumer la situation, les libraires mettent en avant une quantité croissante de livres d’écologie, qui aident la société à s’emparer d’un des défis majeurs de notre temps. Et pourtant la production qu’ils défendent, par la quantité d’équivalent en dioxyde de carbone (éqCO2, l’unité de mesure des gaz à effet de serre) qu’elle émet, prend inévitablement sa part au dérèglement climatique. C’est à peine un paradoxe. Quelle forme d’engagement écologique échappe à cette contradiction ? Il n’en est pas moins urgent d’agir pour la résorber autant que possible, affirment de nombreux acteurs des métiers du livre.
Cette prise de conscience est relativement récente. On peut la faire remonter à la décennie 2010, ou même à l’année 2009, au cours de laquelle, pour la première fois, un important groupe d’édition français, Hachette Livre, publie son bilan carbone – il sera rejoint dans cette démarche par le groupe de presse et d’édition Bayard en 2018 –, tandis que, deux ans plus tard, le Syndicat national de l’édition (SNE) installe une commission Environnement et fabrication.
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