La dernière menace commerciale brandie par le président américain Donald Trump – une salve de tarifs douaniers de 25 % sur une large gamme de produits européens et même de 200 % sur les vins – n’est pas une péripétie diplomatique. Elle révèle une dynamique plus profonde et inquiétante : l’utilisation, par Washington, de la politique commerciale comme arme géoéconomique.
Un exercice d’apothicaire pourrait grossièrement quantifier les effets de ces 25 %. En 2023, la France a exporté pour 45 milliards d’euros de biens vers les Etats-Unis, principalement dans l’aéronautique, la pharmacie, le vin et les cosmétiques. Autant de secteurs pour lesquels la compétitivité des entreprises exportatrices serait grevée.
Une simulation macroéconomique simple (basée sur une élasticité prix aux droits de douane estimée entre − 0,5 et − 1,5, avec un facteur atténuant lié à la qualité des produits français, la fidélité des clients américains ou la capacité des entreprises françaises à absorber une partie des coûts supplémentaires) suggère une contraction autour de 10 %, soit une perte potentielle d’exportations de 3,5 à 5 milliards d’euros par an. Le choc serait particulièrement sévère pour l’aéronautique et pour les vins et spiritueux, qui représentent à eux seuls une bonne part de l’excédent bilatéral de la France.
Couper le robinet du dollar
En outre, l’instabilité économique liée à l’introduction des droits de douane est soumise à des canaux amplificateurs, car elle est enchâssée dans un paradigme hégémonique, à la fois monétaire – le dollar domine le monde – et budgétaire – les déficits publics sont massifs et chroniques. Face à cela, comment l’Europe peut-elle riposter sans se perdre dans une escalade autodestructrice ?
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