Un homme âgé de 76 ans a été interpellé, mardi 8 avril, à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) pour avoir menacé de mort la présidente du tribunal correctionnel de Paris, qui a condamné Marine Le Pen et le Front national (FN, renommé Rassemblement national en 2018) dans l’affaire des assistants parlementaires de ce dernier au Parlement européen, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de la part du parquet de Bobigny, confirmant une information du Parisien.
« Sur son compte X, il avait publié les propos suivants : “Ce que mérite cette salope”, associés à la photographie d’une guillotine », a précisé le parquet. L’homme a été placé en garde à vue, pour « menaces de mort à l’encontre d’un magistrat » et « outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions », dans les locaux de la brigade de répression de la délinquance aux personnes, chargée des investigations.
Le 31 mars, Marine Le Pen, cheffe de file de l’extrême droite, a été condamnée à quatre ans d’emprisonnement dont deux ans ferme, aménagés sous bracelet électronique, à une amende de 100 000 euros et à une inéligibilité immédiate de cinq ans qui compromet sa candidature à la présidentielle de 2027. Le tribunal a estimé qu’elle était au cœur d’un système de détournement de fonds publics mis en place pour payer des salariés du FN avec l’argent du Parlement européen, à hauteur de 4 millions d’euros, entre 2004 et 2016. Au total, 24 personnes ont été condamnées dans ce dossier, en plus du parti.
La justice prise pour cible
Depuis le délibéré, les magistrats ayant rendu la décision, notamment la présidente de la 11e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, Bénédicte de Perthuis, sont la cible de menaces très virulentes ayant mené au placement sous protection policière de cette dernière.
Après l’annonce du jugement la semaine dernière, le Conseil supérieur de la magistrature a fait part de son « inquiétude » après la diffusion d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux par l’extrême droite à l’égard des magistrats ayant travaillé sur le dossier, dont Mme de Perthuis. Son adresse personnelle a été diffusée en ligne. La magistrate bénéficie entre autres de patrouilles renforcées et de rondes régulières autour de son domicile.
L’enquête concernant ces menaces porte sur « des propos publiés sur les réseaux sociaux », d’après le parquet de Bobigny, susceptibles de relever de différentes qualifications pénales : cyberharcèlement, menaces de mort, injures publiques et divulgation d’informations personnelles exposant à un risque d’atteinte à la personne ou au bien. Le tout avec la circonstance aggravante selon laquelle les victimes sont dépositaires de l’autorité publique.
Une autre enquête avait été ouverte en début d’année après des menaces de mort postées sur le site d’extrême droite Riposte laïque, après les réquisitions du ministère public. Ces menaces concernaient la magistrate ayant présidé l’audience et les deux procureurs ayant requis contre les prévenus, dont Marine Le Pen. Cinq mis en cause ont été identifiés et seront auditionnés lors de leur convocation. Après la demande de dépaysement du parquet de Paris, c’est donc celui de Bobigny qui est chargé des investigations pour les deux enquêtes.