- Le conflit entre Israël et l’Iran pourrait avoir des répercussions sur les carburants.
- Pour l’heure, le prix du baril iranien n’est pas encore orienté à la hausse.
- Mais si Téhéran décide de bloquer le détroit d’Ormuz, cela changerait la donne au niveau mondial.
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Taxes, carburants, inflation… Les Français face à la vie (très) chère
Avec un gazole à 1,61 euro le litre et une essence à 1,73 euro le litre, force est de constater que, ce lundi 16 juin, la flambée des prix à la pompe, redoutée depuis le début de la guerre entre Israël et l’Iran, n’a pas eu lieu. Du moins, pas encore. Ce qui n’empêche pas les automobilistes interrogés par TF1, dans le reportage du JT de 13H visible en tête de cet article, de s’en inquiéter, surtout à 18 jours du début des vacances scolaires. « J’ai un peu anticipé sur le plein parce que j’ai vu que ça montait. Les hausses arrivent assez vite, en général »
, réagit le client d’une station-service. « À chaque fois qu’il y a un conflit comme ça, ça crée des perturbations sur les prix à la pompe. Donc je ne vois pas pourquoi ce serait différent cette fois-ci »
, déduit un autre.
Rappelons d’abord que l’Iran est le 8e pays producteur de pétrole brut au monde… Mais qu’il produit 3 millions de barils par jour, soit juste 3% des 104 millions de barils consommés quotidiennement à travers la planète. Si les cours du pétrole se sont momentanément envolés de quelque 13%, le vendredi 13 juin, date des premières frappes israéliennes en territoire iranien dans le cadre de l’opération « Rising Lion », aujourd’hui, le prix du baril n’est pas orienté à la hausse (78 dollars à l’ouverture ce lundi matin), malgré la perspective d’une baisse des exportations de pétrole de la part de l’Iran.
Quelles sont les prévisions pour les prochaines semaines ? « Certains analystes parlent d’un retour du prix du baril à 130 euros. Ce qui impliquerait que le litre atteigne à peu près les 2 euros à la pompe. D’autres parlent plutôt d’une augmentation plus limitée. Ce qui ferait quand même augmenter les prix à la pompe, mais en dessous de 2 euros »
, répond, au micro de TF1, Anna Creti, experte du secteur des énergies et professeure d’économie à l’université Paris Dauphine-PSL.
La menace d’une fermeture du détroit d’Ormuz
« Aujourd’hui, il n’y a aucune conséquence du conflit actuel entre Israël et l’Iran sur l’offre de pétrole brut au niveau mondial. Et il y a peu de chances qu’il y en ait
, estime de son côté, sur les ondes d’Europe 1 (nouvelle fenêtre), Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières, selon lequel une augmentation va « quasi certainement »
se répercuter à la pompe en France, mais à hauteur de « 4 à 5 centimes par litre »
, pas plus, et au plus tard d’ici « le début de semaine prochaine »
.
Le nœud du problème se nomme en fait le détroit d’Ormuz, contrôlé par l’Iran, et par lequel transitent chaque année quelque 2.400 navires pétroliers, transportant près du quart de la production mondiale. Son éventuelle fermeture, une menace brandie récemment par le régime iranien, perturberait alors les exportations de plusieurs pays producteurs de pétrole, et non des moindres : l’Irak, le Koweït ou encore l’Arabie Saoudite, pour qui Ormuz est un incontournable point de sortie (voir l’infographie ci-dessous). Une issue potentielle qualifiée de « cauchemar absolu »
par Arne Lohmann Rasmussen, analyste en chef de Global Risk Management, auprès de l’AFP, estimant que cela affecterait « 20% des flux pétroliers mondiaux »
.
Mais ce n’est pas tout. Car le blocage du détroit d’Ormuz impacterait, de fait, l’ensemble du commerce mondial, les navires arpentant cette route maritime stratégique n’étant pas chargés que de pétrole ou de gaz, loin de là. « Le risque, c’est que le prix du transport maritime augmente. Et que le prix de l’ensemble des biens que nous importons, quelle que soit leur nature, soit renchéri
, décrypte François Lenglet, le spécialiste économie de TF1-LCI. Sur l’immobilier, il n’y a pas de conséquences à prévoir, sauf si les banques centrales baissaient leur taux d’intérêt pour diminuer le coût du crédit. »
En revanche, toutes les importations européennes de matières premières, de produits électroniques et de biens de consommation, ainsi que les chaînes d’approvisionnement, en pâtiraient fatalement. Ce qui pourrait même aboutir à un élargissement du conflit.