- Le site d’enrichissement d’uranium de Fordo, situé au sud de la capitale iranienne, a été visé depuis vendredi par les frappes israéliennes.
- Selon Téhéran, les dégâts infligés sont mineurs.
- D’autres attaques pourraient néanmoins suivre, tant ce lieu à 180 km de Téhéran revêt un enjeu stratégique pour l’Iran.
Il fait partie des cibles prioritaires de l’armée israélienne en Iran. Situé entre Téhéran et Qom, au centre du pays, le site de Fordo a été visé par les frappes qui touchent depuis jeudi soir le régime. Un lieu hautement stratégique : enfoui sous terre, il s’agit d’un site d’enrichissement d’uranium.
La construction de ce lieu, en violation des résolutions de l’ONU, aurait débuté en 2007. Mais elle n’a été révélée par l’Iran à l’AIEA en septembre 2009. Une crise avec les grandes puissances du Conseil de sécurité avait aussitôt débuté : après l’avoir présenté comme un « site de secours
» dans une zone montagneuse, près d’une base militaire, afin de se protéger d’une attaque aérienne, Téhéran avait finalement indiqué qu’il s’agissait d’une usine d’enrichissement d’uranium à taux élevé.
Un lieu difficile à détruire
L’enceinte, au cœur des montagnes, peut accueillir quelque 3.000 centrifugeuses. C’est là qu’avaient été détectées début 2023 des particules d’uranium enrichies à 83,7%. L’Iran avait invoqué des « fluctuations involontaires
» au cours du processus d’enrichissement. Il n’empêche : ce seuil dépasse largement celui de 3,67% fixé par l’accord de 2015 et se rapproche des 90% nécessaires pour produire une bombe atomique, selon l’AIEA.
Après trois jours de frappes, Téhéran a reconnu que le site avait été touché par des frappes israéliennes. Pas sûr que cela suffise à le rayer de la carte : « Israël peut endommager le programme nucléaire iranien, mais il est peu probable qu’il puisse le détruire
« , a expliqué à l’AFP le chercheur Ali Vaez, de l’International Crisis Group, un cercle de réflexion américain. Le pays, dit-il, ne dispose pas des puissantes bombes nécessaires « pour détruire les installations fortifiées de Natanz et Fordo
« , enterrées à de grandes profondeurs en Iran.
Pour cela, il lui faudrait l’aide américaine, en particulier les bombes MOAB, seules capables de pénétrer en profondeur le sol et ainsi atteindre de telles cibles. Ce type de munition avait notamment utilisé en Afghanistan, en 2017, pour détruire une « série de grottes
» de Daech dans la province de Nangarhar. Bilan : au moins 90 combattants de l’EI, selon les autorités afghanes.
