Conflit Israël-Iran : Téhéran a-t-il les moyens de riposter ?

• Après l’attaque d’Israël sur des cibles militaires et nucléaires iraniennes, l’Iran a entamé sa riposte.
• Téhéran a-t-il vraiment les moyens de faire « regretter » à l’État hébreu son attaque, comme le prétend l’ayatollah Ali Khamenei ?
• Thierry Coville, chercheur spécialiste de l’Iran à l’Iris, répond à TF1info.

Un sort « douloureux ». Voilà la menace énoncée vendredi 13 juin par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, quelques heures après l’attaque d’Israël sur des cibles militaires et nucléaires iraniennes. Lui a affirmé que son pays ferait « regretter » à Israël son attaque, tandis que le nouveau chef des Gardiens de la Révolution, Mohammad Pakpour, a promis d’ouvrir « les portes de l’enfer » à l’État hébreu.

Depuis, la riposte a commencé. Six salves de plus de 150 missiles balistiques ont été tirées en direction de l’État hébreu dans la nuit du 13 au 14 juin, dans le cadre d’une opération baptisée « Promesse honnête 3 ». Le régime iranien possède, selon des chiffres de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques, « autour de 2.000 missiles », rapportait ces derniers jours son directeur Pierre Razoux auprès de l’AFP. Parmi eux, « 600-700 » pourraient atteindre Israël. Suffisant pour tenir une riposte sur le long terme ? Thierry Coville, chercheur spécialiste de l’Iran à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), nous éclaire.

L’Iran a-t-il les moyens de riposter sévèrement contre Israël, comme ses dirigeants le promettent ?

L’Iran possède plusieurs milliers de missiles. D’après ce que nous voyons, certains sont capables d’atteindre Israël. Tout dépend de la durée de ce conflit et de la stratégie de l’Iran pour ne pas utiliser tous ses missiles d’un coup.

L’Iran dispose d’une vraie faiblesse : son aviation

Thierry Coville

Le régime iranien est-il capable de tenir plusieurs semaines, voire « quelques mois » comme le suggérait Farzan Sabet, du Geneva Graduate Institute ?

L’Iran considère que le pays a été attaqué en dehors du droit international. Il parle de « déclaration de guerre ». Pour l’instant, Téhéran répond. Connaissant les radicaux qui gouvernent le pays, ils ne sont pas dans une logique de hisser le drapeau blanc. Ce n’est pas leur nature, et encore moins lorsqu’ils se considèrent attaqués. La gestion de leur stock de missiles est la grande question qui se pose.

On parle beaucoup du nucléaire, mais que sait-on de l’arsenal offensif iranien ?

Du fait des sanctions, l’Iran dispose d’une vraie faiblesse : son aviation. Le pays n’a quasiment pas pu acheter d’avions depuis la Révolution (1979, ndlr). Leur défense anti-aérienne est également un point faible : ils ont certes acheté des radars et des systèmes antiaériens, mais la superficie de l’Iran est trois fois supérieure à celle de la France. Cela reste donc une proie assez facile pour les bombardements israéliens. Leur force, c’est surtout le programme qu’ils ont développé avec des missiles balistiques et des drones. C’est là-dessus qu’ils vont se reposer contre Israël.

« Le bilan attendu sera différent de ce à quoi nous sommes habitués », a prévenu le chef d’état-major israélien. Doit-on s’attendre à de lourdes pertes civiles dans cette riposte ?

Dans les épisodes précédents, en 2024, les deux pays ont calibré leurs coups pour que cela ne dégénère pas en guerre totale. Là, on y est. D’après la télévision iranienne, il y a déjà 80 morts civils rien que dans la région de Téhéran. Il y a aussi des morts côté israélien. L’Iran se sent attaqué, il répond.