Ce fut le conseil d’un aîné, ou peut-être l’avertissement d’une victime des grandes manœuvres du Parti socialiste (PS) d’autrefois. Quand le député de l’Eure Philippe Brun, 33 ans, s’est engagé corps et âme dans ce 81e congrès socialiste (qui se tiendra du 13 au 15 juin à Nancy), son ancien mentor, Arnaud Montebourg, l’a prévenu : « Ils vont tous se liguer contre toi, et tu viendras me voir pour me dire “tu avais raison”. » Le jeune parlementaire s’est tout de même lancé dans l’aventure. Car il arrive néanmoins qu’il écoute les vétérans et les prenne au mot. Le 23 juillet 2022, au lendemain des législatives qui ont vu naître la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, il rend un hommage appuyé à Jean-Luc Mélenchon dans Le Point : « Sans lui, la gauche française serait au niveau de la gauche italienne. » Le leader de La France insoumise le remerciera dans un SMS quelques jours plus tard : « C’est le devoir de votre génération de refonder un PS qui sera prêt à gouverner dans dix ans. »
Et quelle meilleure occasion qu’un congrès du PS pour s’affirmer ? Du haut de ses 33 printemps, le député normand veut compter dans l’appareil socialiste, notamment au sein d’une génération riche de talents dont il est déjà l’un des visages les plus médiatiques. Celui qu’on ne pensait pas vraiment apparatchik, élu de terrain revendiqué, dans une circonscription où il lutte pied à pied avec le Rassemblement national, s’est jeté dans la compétition socialiste « comme un poisson dans l’eau », dit en souriant son allié, le député de l’Essonne Jérôme Guedj. Avec ce dernier, la trésorière du parti Fatima Yadani, le député du Val-d’Oise Romain Eskenazi ou encore la sénatrice du Val-de-Marne Laurence Rossignol, Philippe Brun a donc déposé une contribution qui veut mettre les classes populaires au cœur des débats de ce congrès, marquant au passage ses divergences avec le premier secrétaire, Olivier Faure, dont il fut un ardent soutien.
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