Créée à la fin des années 1990, l’arpentage est une nouvelle technique collective de lecture.
Elle se pratique en petit groupe d’une dizaine de personnes, avec un ou deux animateurs.
Simple d’accès, cette méthode se généralise et rencontre un certain succès, notamment dans les cercles militants, féministes ou écologiques.
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Vie pratique
Bibliothèque, musée, bar, librairie, tiers-lieu… sont autant d’endroits qui accueillent des ateliers d’arpentage. Initialement pratiquée pour promouvoir la culture en dehors de l’école, cette technique collective est issue de l’éducation populaire.
Trouvé par Jean-Claude Lucien, un bénévole à Peuple et Culture, un organisme principal d’éducation populaire, le terme « arpentage » renvoie au verbe « arpenter » qui signifie « parcourir à grands pas ». Il se prête bien à l’exercice puisque l’idée consiste à parcourir un texte à plusieurs, généralement un essai.
Comment se déroule une séance d’arpentage ?
Même s’il n’existe aucune méthode officielle, la manière de faire s’est codifiée dans les années 2010, comme le rapporte Télérama. La première étape consiste à « lire » visuellement la couverture du livre en proposant des hypothèses sur son contenu d’après son titre, sa typographie, son illustration…
Puis, l’animateur divise le texte. Le découpage du livre en plusieurs morceaux s’effectue au sens littéral du terme. Chaque participant dispose de 30 minutes pour lire son extrait. En se plongeant dans le texte, il doit s’approprier une ou plusieurs idées clés.
Au terme de la demi-heure de lecture, chacun expose ce qu’il a retenu. Les extraits des uns éclairent ceux des autres. Comme un puzzle, le propos de l’ouvrage est reconstitué grâce à la participation de chaque lecteur.
La dernière étape et non des moindres est de discuter tous ensemble de l’œuvre. Les participants donnent leur avis, formulent des interrogations… L’objectif est de décortiquer le contenu du livre. « (…) Chaque participant est vraiment invité à décrire ce qu’il a compris de son passage et ce à quoi sa lecture fait écho chez lui en fonction de ses expériences personnelles », explique Nicolas Da Silva Tomé, coordinateur et formateur au sein de l’association d’éducation populaire Ressources Alternatives, au média Madmoizelle.
Les bénéfices de l’arpentage
Au-delà de se réunir pour parler d’un ouvrage, l’arpentage possède de multiples bénéfices. « Le rapport à la lecture peut être difficile pour certaines personnes, notamment dans le cas de textes théoriques qui peuvent être intimidants. Le grand intérêt de l’arpentage, c’est que ça décomplexe », indique Maxime Boitieux, animateur et coordinateur national de Peuple et Culture, dans Télérama. En plus de la démystification des savoirs, l’arpentage permet de désacraliser le livre-objet à travers le découpage physique. Cela permet également d’éviter aux participants l’achat de l’ouvrage.
Sur France Culture, Maxime Boitieux insiste sur la dernière phase de l’arpentage. « On n’est pas là pour faire une analyse de texte et de l’auteur, mais plutôt de partir du texte et ensuite d’arriver sur l’expérience de chacun, de rentrer dans un espace de discussion et de complexité ». Nicolas Da Silva Tomé rejoint son propos : « L’arpentage est un outil précieux car il fait partie des rares espaces qui sont construits à l’horizontal. Il n’y a pas une personne qui délivre son savoir et les autres qui écoutent ».