Susana Muhamad, 47 ans, s’est imposée comme une des ministres-clés du président colombien de gauche, Gustavo Petro, élu en 2022. « C’est rare pour une ministre de l’environnement », note un diplomate européen en poste à Bogota, qui requiert l’anonymat. Et, alors que le pays reçoit la COP16 sur la biodiversité, à partir de lundi 21 octobre, Mme Muhamad, qui va présider la conférence, fait figure d’étoile montante de la cause environnementale sur la scène internationale.
Interrogée sur les raisons de son succès, la ministre de l’environnement et du développement répond : « Je n’ai aucun mérite. Le projet porteur est celui du président Petro et de tout un gouvernement. » Au pouvoir depuis deux ans, M. Petro a mis la transition énergétique et la défense de l’environnement au centre de son programme. Il voudrait faire « la paix totale » avec les mouvements armés qui sévissent dans son pays, et « la paix avec la nature », devise de cette COP16 sur la biodiversité. « Les deux objectifs relèvent de la relation de l’Etat avec les territoires, dit Mme Muhamad. Le conflit armé colombien comme la dégradation de la nature sont en partie le résultat d’une absence, d’un abandon de l’Etat. »
Les ambitions du premier président de gauche de l’histoire du pays sont immenses, les réalisations encore minces et les critiques de l’opposition, relayés par les médias privés, virulentes. La prolixité présidentielle sur le réseau social X et les divers remaniements ministériels alimentent l’image d’un gouvernement bavard et peu efficace. « Jamais la gauche n’avait gouverné et nous ne sommes au pouvoir que depuis deux ans », défend Mme Muhamad. Elle est une des trois ministres restés en place depuis le début du mandat.
Seule la politique a le pouvoir de changer le monde
Selon elle, la présence de ministres centristes dans le premier gouvernement Petro a freiné la mise en œuvre du projet environnemental. « Mais, aujourd’hui, tout le gouvernement joue le jeu », se réjouit-elle. Elle balaie d’un revers de la main les critiques formulées au style ( « autoritaire » pour les uns, « confus » pour les autres ou encore « égotiste ») de son président. « Gustavo Petro est un visionnaire, estime-t-elle. Je n’aurais pas pu être ministre d’un autre gouvernement. »
D’origine palestinienne par son père, Mme Muhamad a fait des études de sciences politiques à l’université des Andes, la plus prestigieuse des universités privées du pays. Elle a ensuite obtenu un master en gestion du développement soutenable a l’université de Stellenbosch, en Afrique du Sud. Puis elle est partie « explorer », dit-elle. Elle a multiplié voyages et volontariats en lien avec l’environnement avant d’entrer… à Shell Global Solutions International à La Haye, aux Pays-Bas.
Il vous reste 57.11% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.