Les règles ne sont pas encore totalement écrites, mais la course a déjà commencé. Et l’Afrique n’est pas la dernière sur la ligne de départ pour prendre sa part du marché des droits à polluer prévu par l’accord de Paris afin de donner aux Etats un instrument supplémentaire pour atteindre leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.
Alors qu’au terme de neuf années de gestation, l’adoption des derniers détails de ce futur marché est attendue lors de la 29e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP29), qui se réunit jusqu’au 22 novembre à Bakou (Azerbaïdjan), une dizaine de pays africains ont déjà passé contrat avec des pays industrialisés.
En tête, le Ghana a signé des accords bilatéraux avec cinq pays : la Suisse, la Suède, Singapour, la Corée du Sud et le Liechtenstein. Son rapprochement avec la confédération helvétique est le plus avancé puisque plusieurs programmes de réduction d’émissions sont déjà mis en œuvre et donneront droit au transfert de plusieurs millions de tonnes équivalent CO2 au bénéfice de la Suisse.
« un potentiel réservoir à moindre coût »
Il s’agit par exemple de la diffusion de foyers de cuisson améliorés dans les zones rurales ou de pratiques rizicoles générant moins de méthane. La Suisse s’est fixé pour objectif de réduire de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Pour y parvenir, elle envisage de délocaliser 10 % de l’effort à fournir dans des pays en développement en finançant des réductions d’émissions pour un coût moindre que si elle les réalisait chez elle.
Ce choix vise à soulager le secteur des transports et ce n’est donc pas un hasard si c’est à la fondation KliK que le gouvernement suisse a délégué cette mission. Celle-ci gère la compensation des importateurs suisses de carburant et sélectionne pour cela des projets éligibles à travers le monde.
De son côté, le Ghana bénéficie, à travers la vente de ces crédits carbone, d’une source de revenus pour financer un développement « propre » et atteindre sa trajectoire énergétique. Les engagements volontaires pris à ce titre par les pays en développement dans le cadre de leur contribution nationale déterminée à l’accord de Paris comportent plusieurs niveaux d’ambition selon le volume de capitaux internationaux mobilisés.
Dans le cas du Kenya, la réduction de 32 % de ses émissions de CO2 d’ici 2030 par rapport à la trajectoire actuelle est conditionnée pour près de 90 % à des financements internationaux, correspondant à un investissement de 53 milliards de dollars (49,9 milliards d’euros). La vente de crédits carbone doit permettre de faire une partie du chemin.
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