Mené par l’Italie et le Danemark, un groupe de neuf pays européens s’est lancé à l’assaut de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ; leurs gouvernements reprochent notamment à cette instance ses décisions en matière migratoire.
Leur rhétorique est simple : les juges de Strasbourg, en défendant de manière trop extensive les principes fondamentaux, remettent en cause la souveraineté de gouvernements fondés sur la légitimité populaire et menacent la sécurité de leurs citoyens, réputée inséparable du contrôle des migrations. De sensibilités politiques diverses, les gouvernements italien, danois, autrichien, belge, estonien, letton, lituanien, polonais et tchèque ont signé, le 22 mai, une lettre ouverte allant dans ce sens. Ils y dénoncent une « évolution de l’interprétation de la cour », qui aurait « limité [leur] capacité à prendre des décisions politiques dans nos propres démocraties ».
Publié le jour d’une rencontre, à Rome, entre la présidente d’extrême droite du conseil italien, Giorgia Meloni, et son homologue social-démocrate danoise, Mette Frederiksen, le texte s’inscrit dans un mouvement de fond en Europe : la transformation du dossier migratoire en champ de bataille entre un souverainisme, désormais exprimé de manière transversale sur l’échiquier politique, et les institutions judiciaires nationales et internationales. Le discours est de nature politique, l’expression encore vague, toute proposition concrète de réforme encore absente.
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