La mise en scène est coûteuse, mais elle n’a pas de prix sur un plan politique. Selon le Pentagone, la facture du déploiement de la garde nationale et de 700 marines à Los Angeles, décidé par Donald Trump pour « libérer » la ville des émeutiers, s’élève déjà à 134 millions de dollars. Mais le bénéfice, pour le président des Etats-Unis, est immédiat. Les images des soldats face à des manifestants masqués, brandissant parfois des drapeaux de pays d’Amérique latine ou jetant des projectiles, ont envahi les réseaux sociaux et les écrans. Le pillage d’un magasin Apple n’a fait que conforter l’idée d’une contestation criminelle, prédatrice, tandis que Donald Trump dénonçait des « séditieux payés », des « animaux », des « agitateurs » et des « fauteurs de troubles ». Des termes qui délégitimisent toute contestation sur le fond.
Pendant la campagne électorale, Donald Trump avait imposé l’idée que les Etats-Unis sont victimes d’une « invasion » causée par « plus de 20 millions » de migrants supposément invités à entrer dans le pays par l’administration Biden. Aujourd’hui, le milliardaire joue sur un registre connexe : il décrit, au mépris des faits, une insurrection en Californie, voulant s’opposer à l’application de la loi en matière migratoire. Il dispose pour cela d’un allié : le camp démocrate, incapable d’articuler des évidences consensuelles et de proposer un discours clair sur l’immigration. Joe Biden avait trop tardé pour prendre la mesure de l’urgence à la frontière mexicaine. Mais c’est toute la gauche qui flotte, entre condamnation de la répression trumpiste et promotion éthérée des vertus de l’immigration.
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