La planète est-elle sur le point de connaître sa sixième extinction de masse ? Ou cette notion n’est-elle qu’une « spéculation sans substance », comme l’écrivait l’Américain John C. Briggs, il y a une dizaine d’années ? Le sujet fait l’objet d’une controverse persistante entre scientifiques, qui connaît un nouvel épisode.
En avril, deux chercheurs américains, John J. Wiens et Kristen E. Saban, publient un article dans la revue Trends in Ecology & Evolution (TEE), titré « Questionner la sixième extinction de masse ». Ils y affirment qu’aucune étude n’a démontré que 75 % des espèces pourraient disparaître dans une courte échelle de temps géologique – la définition communément admise d’une extinction de masse – et listent sept raisons remettant en question cette notion (moins de 0,1 % des espèces connues ont disparu en cinq cents ans, toutes les espèces ne sont pas menacées, des efforts de conservation sont menés, les menaces sur la biodiversité peuvent évoluer…).
A la lecture de ce texte, d’autres chercheurs bondissent de leur chaise. Robert H. Cowie, Philippe Bouchet et Benoît Fontaine ont dû adoucir la première version de leur réponse pour qu’elle soit publiée. « Nier que nous puissions être en train de vivre le début de la sixième extinction de masse ouvre la voie au fait qu’elle se produise », écrivent-ils dans la lettre parue à la mi-juin dans TEE. S’ils reconnaissent que le scepticisme contribue au progrès scientifique, ils estiment que Wiens et Saban l’ont « poussé trop loin » et que leur étude peut « donner du grain à moudre » à ceux qui souhaitent ignorer les questions environnementales. Mi-juillet, Wiens et Saban ont publié une réponse à ces critiques.
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