Il avait été vivement critiqué pour s’être rendu au conseil municipal de Pau plutôt que sur l’archipel, peu après le passage dévastateur du cyclone Chido. Après avoir composé son équipe gouvernementale, le nouveau premier ministre, François Bayrou, se rendra à Mayotte, dimanche 29 et lundi 30 décembre, a appris l’Agence France-Presse, jeudi 26 décembre, auprès de Matignon, à l’issue d’une réunion sur la situation de l’île.
Alors que le chef de gouvernement avait tenu mercredi 24 décembre avec quelques ministres une réunion sur la situation d’urgence et la reconstruction dans l’archipel, depuis son fief de Pau en visioconférence, une nouvelle réunion s’est tenue jeudi à Matignon. Lors de son déplacement de deux jours, François Bayrou sera accompagné des ministres d’Etat Elisabeth Borne (éducation) et Manuel Valls (outre-mer), des ministres délégués Valérie Létard (logement) et Yannick Neuder (santé), et du ministre délégué et ancien sénateur de Mayotte Thani Mohamed Soilihi (francophonie et des partenariats internationaux).
Le premier ministre avait annoncé le 17 décembre, sur France 2, qu’il se rendrait sur l’île dès que son gouvernement serait formé. Nommé à Matignon le 13 décembre, à la veille du passage du cyclone, il avait toutefois suscité une vive polémique en se rendant le 16 décembre au conseil municipal de Pau, ville dont il entend rester maire, après avoir participé en visioconférence à une réunion de crise sur Mayotte. L’annonce de la composition de son gouvernement lundi, journée de deuil national, a également été critiquée.
Dommages colossaux
Le cyclone le plus dévastateur qu’ait connu l’archipel depuis quatre-vingt-dix ans a causé le 14 décembre des dommages colossaux dans le département le plus pauvre de France. Le bilan humain s’élève pour le moment à 39 morts et plus de 4 000 blessés, selon un nouveau décompte publié mardi par le préfet de Mayotte. Plus de 3 900 membres (dont 1 500 en renfort) des forces de la sécurité civile, de la police, de la gendarmerie et des armées sont engagés sur place, ont précisé les autorités mercredi.
Le déplacement de M. Bayrou suit de près celui d’Emmanuel Macron, les 19 et 20 décembre, lors duquel le président de la République a annoncé de premières mesures d’urgence pour une île qui, « pendant des mois », « ne vivra pas en situation normale ». Sur le terrain, le chef de l’Etat avait été confronté pendant de longues heures à l’impatience, la colère et au désespoir de Mahorais. Il s’est attiré des critiques pour avoir notamment répondu : « N’opposez pas les gens ! Si vous opposez les gens on est foutu, parce que vous êtes contents d’être en France. Parce que si c’était pas la France vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! ».
Dans l’archipel dévasté, toutes les communes ont été touchées, les bidonvilles rasés, et les déchets s’accumulent, provoquant la crainte de risques sanitaires. Eau, denrées alimentaires : même si les premières distributions ont commencé, près de deux semaines après le passage de Chido, de nombreux habitants se disent abandonnés et attendent encore de l’aide. Et l’électricité est encore coupée pour plus de la moitié des foyers mahorais.
La rentrée scolaire reportée
Au milieu de chaos, les autorités doivent faire face à une autre urgence sur le territoire mahorais : la rentrée scolaire. Au vu de l’ampleur considérable des dégâts, l’État « ne pourra pas rouvrir toutes les écoles le 13 janvier » à Mayotte, avait d’ores et déjà prévenu Emmanuel Macron lors de son déplacement.
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« On ne pourra pas régler les problèmes de fond de Mayotte si on ne règle pas le problème de l’immigration clandestine », avait-il également déclaré. Mayotte compte à peu près 320 000 habitants. Selon le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau, qui a été reconduit dans ses fonctions dans le gouvernement Bayrou, il y aurait « autour de 100 000 » personnes en situation irrégulière, majoritairement venant des Comores voisines. En 2023, quelque 22 000 reconduites à la frontière ont été effectuées, contre un peu plus de 25 000 l’année précédente.
Mayotte est située à moins de 70 kilomètres d’Anjouan, l’une des trois grandes îles composant l’Union des Comores. Cette proximité facilite l’immigration en provenance de ce pays parmi l’un des plus pauvres au monde. Devenue un département français en 2009 après avoir choisi la France lors de deux référendums en 1974 et 1976, Mayotte est au cœur de tensions historiques et diplomatiques entre Paris et Moroni, capitale de l’archipel des Comores, qui ne reconnaît pas l’autorité française sur l’île.