Une imposante délégation ministérielle conduite par le chef du gouvernement, François Bayrou, est arrivée, lundi 30 décembre au matin, à Mayotte, deux semaines après le passage dévastateur du cyclone Chido sur l’archipel. L’avion de François Bayrou s’est posé à 5 h 40 locales (3 h 40 à Paris) à l’aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi, près de Mamoudzou, pour lancer une intense journée de déplacements.
M. Bayrou est accompagné de cinq ministres dont deux poids lourds de son gouvernement : les ministres d’Etat Elisabeth Borne (éducation) et Manuel Valls (outre-mer). Valérie Létard (logement), Yannick Neuder (santé) et Thani Mohamed Soilihi (francophonie et partenariats internationaux), ex-sénateur de l’île, étaient également du voyage dans l’avion qui transportait par ailleurs 2,5 tonnes d’équipement humanitaire, notamment des pastilles de purification d’eau, du matériel pour effectuer des soins et du matériel pour les patients sous dialyse, a précisé Matignon.
Poursuite de l’acheminement de l’aide, reconstruction, éducation et rentrée scolaire immanquablement perturbée : les nouvelles mesures du gouvernement sont attendues sur l’île, alors que Chido a causé la mort de 39 personnes et fait plus de 5 600 blessés, selon un bilan de la préfecture de Mayotte publié dimanche.
La journée de lundi a débuté à 7 h 15 locales par la visite de l’usine de dessalement de Petite Terre. « Les Mahorais ont souvent le sentiment que ce qu’on leur apporte ce sont des assurances, de belles paroles de solidarité dans les déclarations mais ce qu’ils veulent c’est du réel », y a déclaré François Bayrou.
« Après une journée de dialogue, nous annoncerons ce soir un plan qui s’appellera « Mayotte debout » » qui permettra « d’apporter des réponses rapides », a ajouté le premier ministre. « Et puis après, il y aura une deuxième phase d’ici quelques mois. C’est un plan à long terme. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de reconstruire Mayotte comme elle était. Il s’agit de dessiner l’avenir de Mayotte, différent », a-t-il poursuivi.
François Bayrou visitera également le collège de Kaweni-2 à Mamoudzou et l’hôpital de campagne installé après le cyclone. Plusieurs rencontres sont prévues avec les acteurs économiques, du monde de l’éducation, avec les forces de sécurité et les élus locaux, ainsi qu’une cérémonie d’hommage au capitaine de gendarmerie Florian Monnier, mort en intervention après le passage du cyclone.
Le cyclone le plus dévastateur qu’ait connu l’île depuis 90 ans a causé, le 14 décembre, des dommages colossaux dans le département le plus pauvre de France, où les secours sont depuis à pied d’œuvre pour rétablir les services essentiels comme l’eau, l’électricité et les réseaux de communications. A Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, une grande opération de déblaiement a eu lieu quelques heures avant l’arrivée de M. Bayrou, avec près de 200 agents et une centaine d’entreprises à pied d’œuvre.
Plusieurs rencontres prévues avec les acteurs locaux
A l’issue de cette journée, François Bayrou s’exprimera au conseil départemental avant de se rendre en soirée sur l’île de La Réunion, importante base logistique pour l’aide à Mayotte, située à 1 435 kilomètres, où il poursuivra sa visite mardi matin avant de regagner la métropole.
Le déplacement de M. Bayrou et de ses ministres suit celui d’Emmanuel Macron les 19 et 20 décembre lors duquel le président a annoncé de premières mesures d’urgence pour une île qui, « pendant des mois », « ne vivra pas en situation normale ». M. Bayrou est donc chargé « d’assurer le suivi rigoureux de ces engagements », a fait savoir l’Elysée dimanche.
M. Macron a également été confronté pendant de longues heures à l’impatience, à la colère et au désespoir de Mahorais qui ont souvent tout perdu. Il s’est attiré des critiques pour avoir notamment répondu : « N’opposez pas les gens ! Si vous opposez les gens on est foutu, parce que vous êtes contents d’être en France. Parce que si c’était pas la France vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! »
« Des réponses concrètes »
Son nouveau premier ministre, François Bayrou a, lui, connu une première et intense polémique en se rendant, deux jours après le cyclone, à Pau pour présider le conseil municipal de la ville dont il est le maire depuis 2014. L’annonce de la composition de son gouvernement lors de la journée décrétée de deuil national a également fait l’objet de critiques.
Autant de points rappelés par le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui, dans une lettre ouverte, demande « des actes » au premier ministre. « Les habitants se sentent abandonnés et attendent des aides », écrit M. Faure, qui interroge également M. Bayrou sur « le travail de recensement des personnes décédées ».
Sur place, des collectifs de citoyens mahorais exigent également « des réponses concrètes » et immédiates du premier ministre. Dans une lettre ouverte, ils dénoncent « l’insuffisance criante des mesures » de soutien après le passage du cyclone. Et ils demandent « un plan de reconstruction rapide et structuré », la création d’un « fonds solidaire exceptionnel » pour indemniser les sinistrés, y compris les non-assurés, et la « suppression des impôts fonciers pour l’année en cours ».
Le sort de Mayotte doit faire l’objet d’un projet de loi spéciale, qui pourrait être présentée lors du conseil des ministres prévu vendredi.