Et si on arrêtait de se mentir à soi-même, de répondre automatiquement « ça va » à la question « comment ça va ? ». A 47 ans, Camille Chamoux dit avoir compris « ce que c’était d’aller mal » et a fait de la fragilité de la condition humaine un spectacle d’humour sobrement intitulé Ça va ça va. « En quadra blanche occidentale privilégiée, je me sentais immortelle », reconnaît la comédienne et humoriste, qui arrive sur la scène du théâtre des Bouffes parisiens habillée en danseuse de cabaret, justaucorps doré et grandes plumes roses dans le dos. « D’un coup, j’ai vu la santé physique et mentale émerger dans ma vie », glisse-t-elle, tout en se changeant derrière un paravent. Abandonnant les paillettes, elle revêt une tenue beige, stricte et classique, plus propice pour évoquer des problèmes médicaux en tout genre et le spectre de notre finitude.
Depuis dix ans, Camille Chamoux nous avait habitués à des spectacles intimistes et théâtralisés, mêlant avec justesse expériences personnelles et regard sociologique. En 2014, dans le formidable Née sous Giscard, elle nous conviait dans sa chambre de jeune fille pour tourner en dérision les travers nostalgiques de sa génération. Dans l’excellent Le Temps de vivre (Molière de l’humour en 2022), on la retrouvait autour d’une grande table de salle à manger en mère de famille prônant l’optimisme et la dédramatisation, dans une époque envahie par une frénésie technologique aliénante.
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