Un simple prénom. Maigre tuyau pour ouvrir une enquête. Un pêcheur prénommé « Damien », du côté de Fécamp (Seine-Maritime) : voilà la cible de la police judiciaire de Caen lorsqu’elle se lance, en juillet 2023, sur la piste des ballots de cocaïne qui s’échouent régulièrement sur les plages normandes sans qu’aucune filière criminelle ait encore pu être démantelée.
Le 4 avril, après plus de dix-huit mois d’investigations, les enquêteurs saisissent 615 kilos de cocaïne dans une vedette de retour au port. Ils attrapent la main dans le sac ces « pêcheurs de cocaïne », basés à Ouistreham et Trouville (Calvados). Onze hommes sont, aujourd’hui, mis en examen. Damien M. fait partie du lot, avec deux autres pêcheurs, des marins philippins et des gros bras du trafic havrais.
La police a laissé traîner ses oreilles dans ce milieu réputé cloisonné, silencieux et méfiant. Elle repère les profils suspects, ceux des marins capables d’éteindre leur système de géolocalisation (AIS, pour « automatic identification system ») et de suivre des trajectoires erratiques en s’affranchissant des réglementations. Le mystérieux Damien M. est bientôt ferré. Capitaine de l’Iz-My, ce trentenaire est déjà incarcéré, cet été-là, pour diverses infractions maritimes. En partant de lui – et du téléphone qu’il utilise en prison –, les enquêteurs déploient leurs filets. Sous l’autorité de la juridiction interrégionale spécialisée de Rennes, ils multiplient les écoutes, les géolocalisations et les filatures.
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