MAX ET MYCANAL – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE
Le 4 décembre 2024 à 6 h 45, Brian Thompson, 50 ans, directeur général de UnitedHealthcare, premier assureur privé de santé aux Etats-Unis, est tué par balle dans une rue de New York. Cinq jours plus tard, son meurtrier présumé, Luigi Mangione, 26 ans, est arrêté à Altoona en Pennsylvanie. D’apparence banale, ce crime va pourtant basculer dans l’exceptionnel dès le mobile connu.
Sur le lieu des tirs, les enquêteurs ont retrouvé des balles sur lesquelles était écrit en encre indélébile « retarder », « refuser » et « démettre », ce qui correspond au « mantra des assurances santé pour gagner de l’argent », explique la criminologue Casey Jordan. Luigi Mangione va dès lors bénéficier d’une vague de soutien populaire inédite, jusqu’à être « héroïsé » sur Internet.
Incarcéré à New York, il est inculpé pour meurtre « considéré comme un acte de terrorisme », le 17 décembre 2024, et doit répondre de 20 chefs d’accusation devant un tribunal d’Etat et un tribunal fédéral. En attendant, le documentaire de ce soir reprend les codes du « true crime » (« histoires criminelles réelles ») pour tenter de pénétrer dans la tête du tueur présumé – il a annoncé plaider non-coupable pour meurtre assimilé à un crime terroriste.
« Incarnation du rêve américain »
Utilisant la méthode de l’« autopsie psychologique », le film remonte le temps grâce aux témoignages d’amis et voisins des Mangione. Tous parlent d’une famille unie, d’une « incarnation du rêve américain », d’un jeune homme brillant (il fut major de sa promotion à la Gilman School de Baltimore, Maryland).
Quasiment les mêmes appréciations (« vraiment des gens bien ») sont fournies par les voisins et amis de la famille de Brian Thompson, lui aussi major de sa promotion (à l’université de l’Iowa). « Le matin de ce 4 décembre, les chemins de ces deux majors de promo se sont croisés une première, et dernière fois », relance avec efficacité Dan Abrams, présentateur sur la chaîne Law & Crime.
Derrière le large sourire qu’affiche Luigi Magione sur les photos, la découverte de ses échanges sur Reddit dessine une personnalité plus sombre et douloureuse. Atteint de la maladie de Lyme à 13 ans, opéré de la colonne vertébrale, il souffre physiquement et voit ses facultés intellectuelles diminuer.
Parallèlement, il s’éloigne de ses proches. Il lit le Manifeste du terroriste américain Theodore Kaczynski (1942-2023), dit « Unabomber », sur les ravages de l’évolution industrielle. L’écrivain Gurwinder Bhogal relate leur rencontre, en mai 2024. Dans sa « Lettre aux autorités », Luigi Mangione a mûri son projet : « La cible, ce sont les assurances-santé. Cela ne fait aucun doute. » Il se sent investi d’une mission. « On en vient à comparer Luigi à Robin des Bois : c’est du grand n’importe quoi ! », s’offusque la criminologue Casey Jordan. D’un autre côté, Jamie Peck, organisatrice de la cagnotte en ligne « Pour Luigi », montre les soutiens d’un policier, d’une infirmière.
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A l’antenne du Dan Abrams Show (un podcast), un auditeur explique : « Chaque année, des dizaines de milliers de personnes meurent de cette avidité des entreprises [de santé]. Et cela va se reproduire. Aucun jury ne condamnera ce type à l’unanimité. Car ce connard de Thompson le méritait. » A l’image, des manifestants brandissent une pancarte « La santé plutôt que la richesse : foi en Luigi ».
Dans la tête de Luigi Mangione, de Brian Ross et Rhonda Schwartz (EU, 2025, 42 min).