Comment convaincre les employeurs du BTP qu’investir dans la prévention des risques professionnels n’est pas un coût, mais peut aussi être source de performance économique ? C’est la question sur laquelle s’est penchée la chaire Prévention et performance dans le BTP, créée en 2019 par l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) et l’école CentraleSupélec, et qui dévoile ses résultats lundi 8 septembre.
Les travaux de la chaire s’inscrivent après vingt ans de recherches scientifiques sur le sujet, dans un secteur très accidentogène, où 149 salariés sont morts en 2023 des suites d’un accident du travail, selon le dernier bilan disponible établi par la Caisse nationale d’assurance-maladie.
En préambule, l’équipe pluridisciplinaire de ce projet, mêlant chercheurs en sciences du travail (ergonomie, psychosociologie…), sciences de gestion et génie civil, a réalisé une revue des travaux déjà publiés, notamment par l’OPPBTP, sur le lien entre prévention et performance. Une étude de chercheurs en économie de l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelle (INRS) et de l’université de Lorraine, publiée en 2023, avait établi ce lien, sur la base des données de 2 millions d’entreprises françaises : dans les entreprises de moins de vingt salariés, une augmentation de 10 % de la fréquence des accidents du travail-maladies professionnelles (AT-MP) conduit à une baisse de 0,38 % de la productivité, et de 0,24 % du profit.
Des méthodologies concrètes
La chaire a voulu aller plus loin, notamment par des travaux de recherche-action directement au sein d’entreprises partenaires, tels Terélian (Groupe Vinci), Eiffage Génie Civil ou le groupe Legendre. « Nous avons mené un gros travail théorique, et des travaux de terrain directement à partir des préoccupations des entreprises, résume Christian Michelot, enseignant-chercheur cotitulaire de la chaire avec Christian Griffault. Par exemple, la sinistralité des intérimaires, public le plus exposé aux accidents du travail, ou encore comment intégrer une nouvelle entreprise pour la mettre aux standards du groupe en matière de sécurité. »
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