Une ombre enveloppe le procès du financement libyen de la campagne de 2007 : celle d’Abdallah Senoussi, l’ancien chef des services secrets extérieurs, beau-frère et homme de confiance de Mouammar Kadhafi. On lui attribue le massacre, après une mutinerie, de 1 270 détenus de la prison d’Abou-Salim, en 1996 ; l’envoi de commandos à l’étranger pour éliminer des opposants, l’explosion, le 10 mars 1984, d’un premier avion français, un DC-8 d’UTA, sur le tarmac de N’Djamena, au Tchad, qui n’avait heureusement pas encore décollé (23 blessés).
On lui doit aussi l’attentat à la bombe, en 1986, à La Belle, une discothèque de Berlin-Ouest où les GI avaient leurs habitudes (trois morts, 260 blessés). Et surtout, l’attentat de Lockerbie, l’explosion en vol d’un Boeing 747 de la Pan Am au-dessus de la petite ville écossaise, 270 morts, le 21 décembre 1988 ; puis celui du DC-10 français d’UTA, le 19 septembre 1989, au-dessus du désert du Ténéré, au Niger, 170 morts dont 54 Français.
Un petit imprimeur de Tripoli, Samir Shegwara, qui a été détenu et torturé en avril 2011, a réussi, après la chute de la dictature libyenne, à mettre la main sur une partie des archives de Senoussi. Le service secret libyen rédigeait des rapports d’opération systématiques, tant pour nourrir les dossiers de ses agents que pour contrôler les étapes des attentats. Des rapports manuscrits ou dactylographiés en arabe, sur de fines feuilles de papier presque transparentes.
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