« Le premier ministre nommé hier, c’est un peu dingo », regrette Laetitia, à Rodez
Sur le rond-point de la Gineste, à l’entrée de Rodez, les troupes se sont étoffées avec l’arrivée de lycéens et de salariés. Quelque 150 personnes, au milieu de la chaussée, lancent le slogan des « gilets jaunes », « on est là », jouent au foot, ou discutent avec les automobilistes, canalisées tant bien que mal par une rangée de policiers casqués.
Les badges de Solidaires et de la CGT sont de sortie. Le blocage est presque total, et les files de voitures et de camions s’allongent, mais sans signe d’énervement : les passagers des véhicules montrent au contraire des signes de solidarité évidents. Laetitia, une comédienne de 47 ans, fait part de son ras-le-bol : « On n’en peut plus, de ne pas être entendus. Le premier ministre nommé hier, c’est un peu dingo : c’est un type de droite, contre le mariage pour tous, qui veut autoriser la chasse à la glue. Il y a une nécessité de dire que ce n’est pas possible. » Son ami, ex-libraire, Jonathan, 53 ans, renchérit : « On a envie de se retrouver et de se faire entendre du système dans cette situation délétère. Faire corps, redonner de l’humanité dans un moment où être ensemble paraît un truc exotique. »
Plus loin, au milieu d’un groupe de lycéens, Nilo Gonzales, en 1re STI, drapeau palestinien sur les épaules, est venu de Decazeville avec son père pour « participer au blocus ». « Ce gouvernement, c’est n’importe quoi ! Un ancien ministre des armées, de droite, alors qu’à aucun moment la droite n’a gagné ! Faut faire partir Macron ou au moins qu’on nous entende », dit l’adolescent, dont c’est la première vraie manifestation. « Je suis plutôt habitué des manifs free party », dit-il.
Sur le terre-plein central, une table a été dressée, sur laquelle se trouve une grosse boîte destinée aux « doléances populaires ». Des membres de la Confédération paysanne distribuent un riz aux légumes qui vient d’être préparé, au son de Danser encore, du chanteur HK, et de Balance ton quoi, d’Angèle.
