Aile de corbeau, bleu turquin, bleu de roy, bleu céleste, bleu d’azur, bleu de ciel, bleu mignon, bleu déblanchi. Cette échelle des bleus, du plus foncé au plus clair, a été composée par Antoine Janot (1700-1778), maître teinturier à Saint-Chinian. Elle figure dans les archives départementales de l’Hérault. « C’est le plus ancien document connu au monde où la gamme des bleus d’indigo est présentée par leur nom de nuance et par des échantillons de tissu teint », souligne l’historienne et archéologue des textiles et des colorants Dominique Cardon. Infatigable expérimentatrice, elle a entrepris de reproduire les recettes livrées à partir de 1744 par Janot dans plusieurs « Mémoires ». Ceux-ci constituent des documents inestimables sur un âge d’or de la teinture en France.
Le fruit de ce travail est condensé dans un passionnant ouvrage bilingue français-anglais, Les 85 couleurs d’Antoine Janot (Les mots qui portent, 154 pages, 45 euros), réalisé conjointement avec sa fille Iris Brémaud, spécialiste de la colorimétrie. Ce n’est pas leur premier livre sur Antoine Janot, mais le plus abouti. « J’ai cette fois traduit en pourcentages par rapport au poids sec du drap de laine à teindre les proportions des différents composants de ces teintures, explique la chercheuse. Cela facilite les reconstitutions. »
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