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Diplômée de l’Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette de Charleville-Mézières en 2005, Elise Vigneron a choisi, dès ses débuts, de se situer à la croisée de plusieurs disciplines : la création marionnettique ; les arts plastiques ; la danse ; la performance scénique ; l’adaptation théâtrale de textes littéraires. Depuis son premier solo, Traversées, en 2009, qui marque aussi la naissance de sa compagnie du Théâtre de l’Entrouvert, elle mêle l’animation de différents matériaux – en particulier la glace –, l’exploration de la matière textuelle et la mise en situation du public dans des dispositifs immersifs.
Créé en octobre 2023 au Théâtre Joliette de Marseille, son dernier spectacle, Les Vagues, continue d’explorer cette voie artistique plurielle sur fond de glace, littérature et manipulation de marionnettes à taille humaine.
Autant le dire d’emblée, ce qui marque le plus dans cette création, ce n’est pas tant le texte de Virginia Woolf, Les Vagues (1931), qui passe un peu au second plan derrière la richesse visuelle de l’ensemble et la beauté impressionnante de certains tableaux esthétiquement très réussis. Manipulées à vue par cinq jeunes comédiens et comédiennes – Loïc Carcassès, Thomas Cordeiro, Zoé Lizot, Chloée Sanchez, Azusa Takeuchi (dont on peut mesurer les talents de danseuse au cours du spectacle) –, les marionnettes en glace, inlassablement refabriquées avant chaque représentation, ont une durée de vie forcément limitée.
En une heure, elles fondent inexorablement, pour se transformer en une vaste étendue d’eau qui envahit progressivement le plateau. Elise Vigneron inscrit ainsi, avec brio, dans le matériau même de fabrication de ses créatures, la notion du temps qui passe, de l’existence éphémère des êtres, qui constitue le thème central de sa pièce.
Ballet quasi féerique
Les monologues intérieurs des cinq personnages, cinq amis qui se connaissent depuis leur plus jeune âge, et se retrouvent régulièrement à des étapes clés de leurs existences, de l’enfance jusqu’à la mort, sont parfois à peine audibles, soit de manière voulue par Elise Vigneron qui les fait disparaître derrière une musique assourdissante ou derrière des bruits amplifiés (eau qui ruisselle, glace qui craque ou qui fond, etc.), soit de façon inconsciente.
La puissance formelle de la mise en scène, en particulier quand l’un ou l’une des comédiens entame un ballet aérien et quasi féerique avec sa marionnette de glace, occulte parfois la parole des artistes tant le cerveau du spectateur est happé par la dimension onirique des images qui s’y bousculent.
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