A chaque pas, les cristaux de sel craquent dans un petit bruit sourd. La réverbération, intense, oblige à plisser les yeux devant l’étendue de blanc et de bleu se confondant dans un somptueux jeu de miroirs. Le salar d’Uyuni, gigantesque désert de sel de 10 000 kilomètres carrés dans le sud de la Bolivie (département de Potosi), frappe par sa beauté. Dans les sous-sols, une particularité géologique constitue une autre source de fierté pour les Boliviens : le lithium.
Ce métal alcalin est désormais renommé pour le rôle qu’il joue dans la production de batteries de voitures électriques. Clé pour la transition énergétique, la Bolivie en détiendrait l’une des plus grosses réserves mondiales : 21 millions de tonnes. Une promesse d’abondance pour le petit pays andin de 12 millions d’habitants, parmi les plus pauvres d’Amérique latine, qui tente depuis plus de quinze ans d’industrialiser sa production et de fabriquer ses propres batteries.
Dans le district de Colcha K, capitale provinciale située sur la rive sud-est du salar, Ivan Calcina, lunettes noires et chullo (bonnet andin couvrant les oreilles) sur la tête, regarde au loin les bâtiments de l’usine pilote de production, érigée en 2010 et détenue par l’entreprise d’Etat Yacimientos de Litio Bolivianos (YLB) : un ensemble de forages de prospection, de laboratoires et de piscines d’évaporation. Plus loin, une autre usine, dite « industrielle », a été inaugurée en grande pompe en décembre 2023.
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