L’heure de la retraite approchait pour le directeur général de Stellantis, poussé vers la sortie par l’âge (66 ans) et la chute de ses résultats. Mais le rythme s’accélère, au moment où le secteur automobile entre, selon Carlos Tavares, « dans une phase darwinienne de sa transformation ». C’est désormais acquis, a annoncé le groupe, vendredi 11 octobre : aux commandes du constructeur aux quinze marques (Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler, Jeep, Opel…) depuis mars 2014, le dirigeant portugais partira en janvier 2026.
Son conseil d’administration lui cherche déjà un successeur. A charge pour lui d’assurer un « tuilage » d’un an. Il a procédé sans attendre à « des changements ciblés au sein de l’équipe managériale » afin d’« améliorer la performance de son organisation ». La direction des finances, et celles de l’Europe et de l’Amérique du Nord, deux régions où Stellantis est à la peine, changent de titulaires… au profit de trois hommes de confiance de M. Tavares. La direction industrielle récupère l’activité-clé de la chaîne d’approvisionnement « pour davantage de performance commerciale ». Ainsi le « board », présidé par John Elkann, veut « s’attaquer avec détermination aux défis mondiaux ».
Baisse de marge
M. Tavares ne l’a-t-il pas fait ? Après des années de succès, sa stratégie de baisse draconienne des coûts et de vente de voitures plus chères a fini par se briser sur la réalité du marché. Notamment outre-Atlantique (– 18 % des ventes au premier semestre), où Stellantis réalisait la moitié de ses profits, mais où les stocks s’accumulent. Le « boss » est attaqué de toutes parts, du syndicat United Auto Workers aux concessionnaires aux Etats-Unis, en passant par la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, qui dénonce la baisse de production dans la Péninsule au profit de la Pologne et de la Serbie.
Fin septembre, M. Tavares a dû annoncer une baisse de sa marge, comprise entre 5,5 % et 7 % en 2024 contre 14,4 % en 2023. Ce n’est pas une consolation, mais Volkswagen, BMW et Mercedes traversent aussi une passe difficile. « Et ce n’est probablement pas fini », a-t-il prévenu. L’écart se creuse avec la Chine. Dominante dans les batteries et les logiciels, elle passe à grande vitesse au véhicule électrique et fait tout pour gagner des parts de marché avec des « locomotives » comme BYD ou MG. En Europe, le moteur thermique fait de la résistance et les ventes d’électriques ont plongé ces derniers mois dans de grands pays comme l’Allemagne, la France et l’Italie. Par quel miracle – ou quel génie – le successeur de Carlos Tavares retrouvera-t-il la bonne étoile de Stellantis ?