L’arrivée au pouvoir de Donald Trump bouleverse la stratégie européenne en matière de défense. L’allié américain sera moins investi dans l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) alors que l’incertitude sur l’issue de la guerre en Ukraine reste grande. L’Europe doit assumer, dans une plus grande solitude, la protection de ses frontières. Pour préserver la paix, la crédibilité militaire européenne nécessite un effort financier. Tout cela pourrait conduire à repenser les priorités nationales en matière de dépenses publiques.
Emmanuel Macron a adressé, le 5 mars, une demande urgente au gouvernement : des nouveaux « investissements » dans le secteur de la défense devront mobiliser des « financements privés » et « publics, sans que les impôts ne soient augmentés ». Le président fait appel à l’élan patriotique.
Les partenaires européens ont déjà acté de dégager 800 milliards d’euros pour une Europe de la défense en adoptant à l’unanimité, le 6 mars, le plan « réarmer l’Europe », qui vise à augmenter les budgets militaires. Un prêt européen pourrait contribuer à ce financement. Par ailleurs, une révision des critères de Maastricht autoriserait le dépassement du seuil fatidique des 3 % de déficit public, en cas de dépenses militaires accrues. L’objectif de dépenses militaires serait de 3 % du produit intérieur brut (PIB) européen, contre environ 1,9 % en moyenne aujourd’hui. Quant à la France, elle consacre déjà à la défense 2,1 % de son PIB et vise 3,5 %.
L’effort national de dépenses militaires supplémentaires représenterait 1,4 point de PIB (environ 40 milliards d’euros par an), alors que les finances publiques sont très dégradées (déficit prévu à 5,4 % du PIB en 2025) et qu’à moyen terme la France s’est engagée à revenir sous le seuil des 3 % de déficit public, soit 2,4 points de PIB (environ 70 milliards d’euros)… Mais cet effort de dépenses militaires pourrait être considéré comme un investissement pur contribuant au développement de l’industrie française et à son commerce extérieur.
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