Depuis plusieurs années, les tourteaux se font de plus en plus rares sur les côtes françaises.
On estime que deux tiers des crabes français ont disparu en quatre ans.
Selon un spécialiste interrogé par TF1, deux hypothèses peuvent expliquer cette situation.
Suivez la couverture complète
Le 20H
Après dix heures en mer, retour au port du Conquet, dans le Haut Finistère, pour Yohan et son équipage. Ils en ont maintenant l’habitude, dans leurs casiers, très peu de tourteaux. « Aujourd’hui, on en a 40-50 kg, ce n’est pas énorme. On est encore en été, normalement, on en a beaucoup plus. Avant, j’étais au casier, mais il n’y a plus assez crabes, ce n’est plus rentable », pointe-t-il dans le reportage en tête de cet article. Pas le choix, Yohan a dû changer de bateau pour diversifier son activité et pêcher aussi au filet. Un investissement de 430.000 euros.
En cause ? La disparition des tourteaux en France. En cinq ans, la quantité de ces crabes débarqués est passée de 6000 tonnes en 2017 à 2000 tonnes en 2022. Soit une production divisée par trois.
Pour expliquer la disparition des tourteaux, il existe deux hypothèses. « La première est une diminution du nombre de jeunes tourteaux qui arrivent sur le fond, et donc progressivement la population est moins alimentée en jeunes tourteaux qui vont grandir, détaille Martial Laurans, biologiste à l’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) à Plouzané (Finistère). La seconde est que l’on a des suspicions de maladies sur les tourteaux adultes ».
Celui que l’on appelle aussi « le dormeur » devient ainsi de plus en plus rare. Alors dans les poissonneries, les prix grimpent : près de 15 euros le kilo, soit deux à trois fois le prix au kilo de 2017. « En plus, on assiste à une diminution de la taille. Avant, on avait des beaux tourteaux femelles, et maintenant la taille est plus petite, ce qui prouve qu’ils ont plus de mal à se développer », explique Jean-René Cadalen, gérant de la poissonnerie « Brest Marée ».
Dans les ports bretons, face à la situation, les caseyeurs-hauturier, les caseyeurs dédiés à la pêche au large de gros crustacés, sont obligés de mettre la clé sous la porte. Une page qui se tourne dans cette région où le tourteau est pourtant un crustacé historique.