- Un mineur de 17 ans a été mis en examen et écroué vendredi, suspecté d’avoir projeté des attentats jihadistes.
- Il vivait dans la Sarthe et s’était radicalisé seul sur les réseaux sociaux.
- Depuis le début de l’année, il s’agit du 14ᵉ mineur impliqué dans des contentieux terroristes.
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LE WE 20H
Un mineur de 17 ans a été mis en examen et écroué ce vendredi 5 septembre, suspecté d’avoir projeté des attentats jihadistes. C’est au Mans (Sarthe), où il vivait, qu’il a été arrêté. Et son profil interroge. De nationalité française, il est scolarisé en classe de première, sans casier judiciaire et il est inconnu des services de renseignement. Son avocat, Me Dylan Slama, parle d’un jeune sans histoire. « C’est un adolescent pour qui les choses se passent bien, qu’on ne connaît pas, notamment pour un quelconque incident. Pas de problème de comportement, pas de problème de consommation de drogue, rien de tout cela. Mais, bien sûr, un certain isolement, une certaine fragilité, peut-être quelques failles »
, souligne-t-il dans le reportage ci-dessus.
Depuis 10 ans, dans les personnes impliquées sur des faits de terrorisme, on a à peu près 30% de moins de 15 ans.
Depuis 10 ans, dans les personnes impliquées sur des faits de terrorisme, on a à peu près 30% de moins de 15 ans.
Jean-Charles Brisard, président du centre d’analyse du terrorisme
Selon nos informations, il vivait chez ses parents. Les policiers y auraient retrouvé des bouts de papier sur lesquels les cibles potentielles étaient griffonnées : des commissariats et des établissements scolaires de sa région, dont son lycée, mais aussi des ambassades, celles d’Israël et des États-Unis. Il pensait aussi à l’Élysée et au ministère de l’Intérieur. Son profil ressemble à celui d’autres adolescents radicalisés, souvent seuls, dans leur chambre, devant des vidéos de propagande djihadiste.
Depuis janvier, 14 mineurs ont été mis en examen pour des projets d’action violente. C’est trois fois plus que les années précédentes. « Depuis 10 ans, dans les personnes impliquées sur des faits de terrorisme, on a à peu près 30% de moins de 15 ans. Et qui est dû, je le dis, à la propagande de plus en plus intense des organisations terroristes, notamment la branche de l’État islamique en Afghanistan. Celle avec laquelle, d’ailleurs, ce jeune homme était en contact virtuel »
, indique Jean-Charles Brisard, président du centre d’analyse du terrorisme. L’adolescent a-t-il été manipulé ? L’enquête le dira.
Mais comment ces jeunes basculent-ils dans l’extrême violence ? Pour les spécialistes, l’adolescence est une période charnière. « Ce sont des individus parfois en manque de repères, des proies facilement manipulables, extrêmement sensibles aux injustices aussi, et surtout extrêmement connectés aux réseaux sociaux numériques, où ils sont alimentés et surexposés à de la propagande djihadiste, avec des bulles algorithmiques qui les enferment »,
explique Laurène Renaut, experte du cyber-djihadisme.
En garde à vue, le jeune homme originaire du Mans a reconnu les faits. Aucune arme n’a été retrouvée à son domicile. La justice devra déterminer à quel point son projet était abouti.