Les morts occupent les vivants. A Montelirio, un site de l’âge du cuivre proche de l’actuelle Séville, en Espagne, les archéologues ont calculé qu’il aurait fallu que dix personnes travaillent huit heures par jour pendant sept mois pour produire les quelque 270 000 perles retrouvées dans des sépultures vieilles d’environ 5 000 ans. Un travail méticuleux, pour façonner ces fines rondelles tirées d’une tonne de coquilles Saint-Jacques.
Pour Leonardo Garcia Sanjuan (université de Séville) et ses collègues, qui présentent ces décomptes dans une étude publiée le 29 janvier dans Science Advances, ce monceau de perles est sans équivalent dans le monde. Certes, à Sungir, en Russie, un homme avait été enterré il y a 34 000 ans avec 3 000 perles d’ivoire, rappellent-ils. Il y a 20 000 ans, à Mal’ta, en Sibérie, c’est un enfant qui portait un collier de 120 perles faites d’os. En Jordanie, le village néolithique de Ba’ja (environ 7 000 av. J.-C.), c’est la dépouille d’un enfant de 8 ans qui était ornée de plus de 2 500 perles. Il y a 2 000 ans, les Chumash de l’île de Santa Cruz, en Californie, produisaient des millions de perles utilisées non comme parures mais comme monnaie, jusqu’en Oregon et dans les plaines du sud-ouest de ce qui n’était pas encore l’Amérique. Autre exemple amérindien : durant le premier millénaire, une tombe du site de Cahokia (Illinois), dans la région du Mississippi, avait reçu 30 000 perles.
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